RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE… & CIRRHOSE FROIDE…

Dans quelques semaines se tiendra à Paris une conférence internationale sur le climat, alors que les hépatologues pendant ce temps n’ont jamais autant créé de cirrhoses froides.

Dans le jargon hépatologique on parle de plus en plus souvent de cirrhose froide mais on n’a jamais évoqué de cirrhose chaude ? Alors de quoi parle-t-on ? On aurait pu parler de cirrhose active et inactive mais cela aurait été ambigu. Lorsque qu’une personne est atteinte de cirrhose c’est que le facteur agressif a été supérieur aux capacités de régénération du foie. Dans ces cas la cirrhose progresse. Mais en 2015, il y a de plus en plus de malades porteurs d’hépatite C pris en charge au stade de cirrhose, chez qui les traitements ont permis de faire disparaitre le virus de l’hépatite C et donc de suspendre la progression des destructions hépatiques et donc de la cirrhose. Le terme de cirrhose froide c’est alors répandu dans le milieu hépatologique.

Mais qu’est-ce qu’une cirrhose froide ? Dans certain cas la cirrhose peut régresser et le foie se régénérer mais ce n’est pas toujours le cas, on parle alors de cirrhose froide ou refroidie. Ce cas de figure peut se rencontrer après la guérison d’un virus (hépatite B ou C) mais aussi après l’arrêt de l’alcool en cas de cirrhose alcoolique ou de façon plus général après disparition ou contrôle du facteur causal.

Pourtant, le développement de plus en plus important du nombre de patients porteurs de cirrhose froide n’est pas sans poser de nouvelles questions.CIRRHOSE 2 OK

Quelle sera l’évolution de ces cirrhoses froides par rapport aux cirrhoses actives ? Y aurait-il moins de cancer, moins de complications ? Quelle sera l’évolution et l’histoire naturelle de ce nouveau statut de malades. Aujourd’hui, faute d’étude, on considère qu’il faut suivre les cirrhoses froides comme des cirrhoses actives, prises de sang régulières tous les 6 mois, échographie et dosage d’alpha-fœtoprotéine, gastroscopie à la recherche de varice œsophagienne…

Nous devons mettre en place des nouvelles cohortes de maladie guéris et particulièrement pour ceux en stade de cirrhose. Mais pour cela il faut être vigilant et bien expliquer au malade porteur de cirrhose refroidie qu’il entre dans un NO MAN’S LAND de la maladie hépatique. Voilà une nouvelle page de l’hépatologie à écrire, mais pour ce morceau de l’histoire il faut l’union de l’énergie des médecins, des malades et des associations. Encore des coups de chaud en perspective…

Pascal Mélin

L’ALPHA-FŒTOPROTEINE (AFP) VOUS CONNAISSEZ ?

Ce n’est pas une étoile ni une galaxie, rien à voir avec Alpha du Centaure. Rien à voir non plus avec l’Agence France Presse (AFP).

L’alpha-fœtoprotéine est une protéine découverte en 1963 par un immunologiste russe. Elle est fabriquée par les tissus embryonnaires et par le sac vitellin autour du fœtus. Cette protéine se retrouve donc normalement dans le sang de toute femme enceinte.

Mais intéressons-nous d’abord à son utilisation en hépatologie. Il existe naturellement dans notre sang des petites doses AFP (moins de 10 ng/ml). Toute fois ce dosage est régulièrement utilisé pour surveiller les personnes atteinte d’une maladie hépatique, pourquoi ? Lorsque le foie se régénère il produit des cellules jeunes qui vont donc produire de l’alpha-fœtoprotéine. C’est pour cela que lorsque le foie souffre et se régénère, lors d’une hépatite aigué, lors d’une hépatite alcoolique, il augmente sa production. Mais 70% des tumeurs cancéreuses du foie sont des tumeurs qui fabriquent de l’alpha-fœtoprotéine, l’augmentation régulière et importante de l’AFP est donc un signe indirect de cancer du foie. Lorsqu’on est porteur d’une cirrhose la surveillance consiste en une échographie ou une imagerie du foie deux fois par an et un dosage de alpha-fœtoprotéine.

C COMME CIVous pouvez retrouver tout cela dans notre fascicule « C comme Cirrhose » et dans les recommandations de la HAS pour la prise en charge des cirrhoses.

Mais il est d’autres tumeurs qui peuvent secréter de AFP comme des cancers des ovaires et des testicules qui peuvent être des tumeurs de à partir de tissus embryonnaire. De la même façon lorsqu’une femme est enceinte on se sert actuellement du dosage d’AFP à certain moment de la grossesse pour évaluer les risques de trisomie 21.

Alors à tous ceux membres du club des F4, les cirrhotiques, n’oubliez pas de faire une écho et un dosage AFP tous les 6 mois. Mais souvenez-vous pour que ce soit fiable, le dosage doit être fait toujours dans le même laboratoire avec la même technique…

Pascal Mélin

HÉPATITE C : À QUI LE TOUR ?

L’arrivée des nouveaux traitements permet d’envisager la guérison de tous les malades porteurs de l’hépatite C. Devant le prix et le nombre limité de prescripteurs il a été décidé de traiter 15 000 à 17 000 personnes par an. Avec encore 250 000 malades en France il faudra 16 ans pour éradiquer la maladie à condition qu’il n’y ait plus de nouvelles contaminations et que la RDR fonctionne.

Mais pour obtenir ces résultats il fallait organiser les soins. Le schéma retenu était en France 15 000 traitements par an en privilégiant les patients les plus graves avec des scores de fibrose F3 (pré-cirrhotique) ou F4 (cirrhotique) cela semble évident car se sont eux qui ont les formes les plus graves et les plus invalidantes, qui risquent de mourir rapidement, ils sont donc prioritaires.

Mais je vous propose d’oser la comparaison avec l’accès à une boucherie.

ALORS C’EST À QUI LE TOUR ? C’EST À VOUS MA P’TITE DAME ?

Traiter les patients les plus graves et les plus à risque de complication ce serait comme laisser passer devant tout le monde les personnes âgées avec l’espérance de vie la plus courte ! Pourtant, les personnes âgées ne sont pas prioritaires dans une boucherie ! J’en entends même dire « Les têtes blanches ont le temps d’attendre, moi pas, j’ai un boulot ». Tiens la comparaison est drôle si on traite les personnes ayant un travail de façon prioritaire ?

Aujourd’hui, on fait la queue à la boucherie et parfois même on prend un ticket (on sert le numéro 147 qui s’affiche en rouge clignotant au-dessus du comptoir) appliqué à l’accès aux soins des hépatites, cela voudrait dire traiter les malades en fonction de la date de leur dépistage. Choquant ? Pourtant, c’est ce que vous faites chez le boucher !

Et l’hépatite aiguë ? Aujourd’hui, son accès aux soins est prioritaire pour éviter son passage à la chronicité… Vous êtes chez le boucher dans la file d’attente et vous vous êtes garé à 50 mètres sur une place libre et là une jeune fille arrive et dit excusez-moi je peux passer devant vous car je suis garé en double file je n’ai pas trouvé de place pour me garer.

Il y a même des boucheries ou l’on a deux files, les petites et les grosses commandes (genre moins de 5 articles). Il y aurait la file des fibroses graves et à côté une autre consultation pour les fibroses minimes…

Les patients co-infectés ou addicts sont des patients qui nécessitent une préparation à leur traitement un peu comme dans une boucherie : quelqu’un devant vous qui passe une commande, ça énerve… oui, mais vous comprenez les prises en charge multidisciplinaires c’est un peu comme l’activité traiteur, on prend la commande mais ça demande du temps de préparation.

Et puis il y a eu ceux qui font la queue dehors car la boucherie est trop petite… Ce sont ceux qui ne sont pas encore dépistés, à quoi bon dépister si on ne peut accueillir tout le monde.

Mais s’il vous plait ne comparez pas les programmes d’éducation thérapeutique aux conseils et aux préparations du boucher c’est plus que ça ! Le boucher vous aide à découvrir ce que vous aimez : « Et s’il vous plaît ma p’tite dame ne me la faites pas trop cuire c’est une viande qui fond dans la bouche ». 

Mais là où on est tous d’accord c’est que lorsque vous êtes en train de vomir du sang, vous n’allez pas chez le boucher. Comprenez lorsque vous avez un cancer du foie ce n’est plus le temps du traitement du virus.

Que vous trouviez ça drôle ou triste réfléchissez un peu. Moi, mon spécialiste du foie je ne veux pas que ça soit un ancien interne ou chef de rayon des boucheries Bernard. Et j’en profite pour remercier mon boucher pour ses conseils de cuisson des magrets de canard.

Pascal Mélin

HÉPATITES FICTION…

Ce matin, Kévin n’arrive pas à ouvrir les yeux. Un marteau-piqueur semble vouloir percer sa tête. Il va être en retard au travail…

Quand brutalement, il se souvient que depuis deux semaines il n’a plus de travail. Un mois que Kévin a décidé de tout envoyer balader pour faire la fête pour oublier les soucis…

Ah qu’ils étaient doux les paradis artificiels de l’alcool et des drogues !!!
Ce délicieux abandon est vertigineux. Sentir à nouveau cette perte de contrôle. Il est bon de se sentir libre mais c’est tout aussi exquis de palper l’arrivée de la dépendance en espérant que l’on pourra la dominer.

Kévin venait de se rappeler qu’aujourd’hui il avait rendez-vous au centre d’addictologie pour renouveler son traitement par méthadone tout en espérant qu’on ne lui fasse pas de test urinaire car ses résultats ressembleraient à un catalogue colombien…

2015-09-01 18.13.29Il ressentait toujours ces coups sur son crane à rythme régulier qui envahissaient tout son corps maintenant. C’est alors que Kévin compris que cette vibration venait de son bracelet connecté qu’on lui avait imposé pour accéder à la méthadone.

Depuis 2020, le programme national d’éradication de l’hépatite C bloquait sur quelques milliers d’usagers de drogues. On les accusait d’entretenir l’épidémie empêchant ainsi l’éradication du virus sur notre territoire national comme s’y étaient engagés les spécialistes de l’AFEF il y a maintenant… 10 ans.
Les recherches sur l’obtention d’un vaccin avaient été abandonnées par les chercheurs car la population avait toujours peur de la vaccination et s’opposait à tous les vaccins. Il n’y avait guère que quelques associations comme SOS Hépatites pour réclamer la reprise du développement du vaccin afin de protéger les usagers de drogues mais aussi toute la population. La parade était venue des politiques. Ils avaient exigé le développement du programme C’virostop nécessaire à l’obtention d’un traitement de substitution par méthadone. Il y a deux ans, Kévin avait dû se résoudre à signer ce protocole C’virostop. Il avait été vacciné contre les hépatites A, B, E et contre le VIH pour lequel un vaccin existait maintenant depuis 2 ans. Contre l’hépatite C, un nano détecteur avait été implanté dans le foie qui était relié à sa montre connectée au centre d’addictologie.

Il avait détesté l’obligation de porter cette montre connectée qui lui rappelait trop le bracelet électronique qu’on lui avait fixé à la cheville dans ses jeunes années lui évitant ainsi la prison.
Le programme C’virostop lui avait permis d’accéder à un traitement par méthadone mais surtout de contrôler sa toxicomanie.
La vibration venait de sa montre connectée. Kévin ouvrit les yeux et découvrit le message d’alerte : le nano détecteur avait dépisté la présence du virus de l’hépatite C dans son foie.

Merde !!!

Il devait se rendre au plus vite au centre d’addictologie mais le protocole était formel s’il se contaminait avec le virus de l’hépatite C, il serait alors incarcéré rapidement pour être traité mais son traitement par méthadone serait alors remis en cause. C’était là l’invention politique et médicale pour dompter l’épidémie de l’hépatite C chez les toxicomanes.

À nouveau Kévin eu le sentiment d’être piégé, humilié, pestiféré, décidément garder le contrôle était une chose difficile.

J’espère que cela restera de la science-fiction… que nous saurons trouver d’autres solutions pour traiter sans exclure…

Pascal Mélin

HÉPATITE : LA VIOLENCE DE L’ANNONCE…

HÉPATITE : LA VIOLENCE DE L’ANNONCE…

Le diagnostic d’une maladie grave est un moment d’une extrême violence.
Le patient fixera cet espace-temps à jamais dans sa mémoire.
De nombreux malades du foie comprendront très bien de quoi je parle…
Mais il faut savoir rire de tout… C’est un peu la devise de SOS hépatites !!!
La maladie est sérieuse mais il n’y a rien dont on ne puisse se moquer.
C’est ce que je vous propose en regardant cette vidéo de Michel Cymes.

Dans les premières minutes, nous pourrions croire qu’il parle d’hépatite virale puis la dérision prend le dessus avec une chute pour le moins inattendue…
Voilà notre blague de fin de vacances.

Pascal Mélin

REFERO® UN ACCES AUX SOINS PASSE INAPPERCU…

Le Normix (rifaximine) était en ATU (Autorisation temporaire d’utilisation) depuis trop longtemps. Nous avions déjà évoqué cette situation sur notre site. Cette molécule n’avait rien d’innovante, ne représentait pas un enjeu financier majeur. Mais pourtant elle rendait un grand service à de nombreux patients. Car son indication est l’encéphalopathie hépatique en cas d’échec aux traitements type duphalac ou de sa famille. En juillet 2014, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) suspend le lourd dossier d’ATU nominative pour chaque patient pour en faire une ATU de cohorte. C’est ainsi que le Refero® est né il y a bientôt un an. Certes, l’accès y est plus facile mais toujours pas d’AMM (Autorisation de Mise sur le Marché). Les patients en encéphalopathie chronique ont des troubles neuro psychiatriques qui gênent la vie quotidienne et empêchent souvent de poser clairement le projet thérapeutique de ces malades arrivés à un stade sévère et avancé de cirrhose.

Mais en l’absence d’enjeu financier, politique, médiatique, marketing, de stratégie de développement, il est surprenant de constater qu’une petite molécule dont l’efficacité est démontrée n’obtienne pas d’AMM. Il n’y a pas que les molécules innovantes, chères, capables de guérir qui doivent attirer notre attention, être défendues. Pour faire une plage, il faut des grains de sable… Le Refero® doit obtenir une AMM rapidement. Et si personne ne le défend, ce sont les malades et les soignants qui devront le réclamer.

Pascal Mélin

HÉPATITE C : OU SONT LES AFRO-AMERICAINS ?

Afro-Américains, le terme est politiquement correct pour parler des américains d’origine africaine et donc issus pour la plupart de l’esclavage. Avant, on parlait des personnes de couleur, mais ça c’était avant ! Les américains ne sont toujours pas au clair avec cette question bien qu’ils soient pour la première fois dirigés par un président de couleur. Ainsi dans les congrès américains, il y a quelques années lors de l’analyse des résultats des traitements de l’hépatite C, il apparaissait régulièrement que les traitements étaient moins efficaces chez les afro-américains ! Mais aucune explication !

Les équipes médicales évoquaient le surpoids ou bien des différences génétiques, mais on constatait aussi que les traitements étaient un peu moins efficaces aussi chez les hispaniques…

Plusieurs équipes françaises ont regardé leurs banques de données, mais elles n’y ont pas retrouvé de différence significative et surtout, elles n’ont pas pu publier car toute publication avec une sélection d’ordre raciale est interdite en France (vous noterez au passage que cela est rassurant), alors où était l’explication ?

À ce jour, ce sont les militants américains des associations de malades qui m’ont donné l’explication la plus plausible. Les Blacks (terme plus trivial…) correspondent le plus souvent à des populations de niveau socio-économique plus faible (pardon le terme politiquement correct est moins favorisé, mais bref vous voyez de quoi je parle) ils cumulent souvent plusieurs petits boulots et ont une couverture sociale en terme d’assurance moins bonne. Si bien qu’à l’époque de l’interféron et de la ribavirine avec les difficultés à supporter les traitements que l’on a connu, ils ne pouvaient pas se permettre d’être en arrêt de travail pour maladie et n’avaient d’autre choix que de suspendre (c’est mieux qu’abandonner) leur traitement. Donc, en intention de traiter, les résultats étaient moins bon que chez les caucasiens (comprenez les blancs). Cela explique que grâce à notre couverture sociale en France on ne retrouvait pas de différence significative liée à des critères apparemment raciaux bien que ceux-là ne puissent être publiés officiellement.

Mais où en est-on en 2015, les traitements par antiviraux directs prescrits sur 3 mois, bien supportés et très puissants devraient nous donner des résultats équivalents entre blancs et noirs aux USA ? Cette question semble disparaitre des publications, c’est pour le moins interpellant, non ? À moins que les coûts des traitements amènent une exclusion des soins pour les gens de couleur ? Emplois, bus et traitement contre l’hépatite C – même combat ? Je suis sûr que je me fais un film, un film en couleur bien sûr, pas en noir et blanc !

Mais j’aimerais bien lire une publication américaine qui me dise et surtout qui reconnaisse que les nouveaux traitements amènent une égalité dans la guérison, reconnaissant ainsi que les critères que l’on croyait raciaux n’étaient que sociaux…

Mais j’entends déjà Martin Luther King me murmurer à l’oreille : « Arrête, tu fais un rêve »…

Pascal Mélin

White and black blues, à réécouter en pensant accès aux soins : 

 

HÉPATITE : GROUPE D’ÉDUCATION DIÉTÉTIQUE POUR LES CIRRHOTIQUES…

INNOVATION THERAPEUTIQUE À L’HOPITAL DE SAINT-DIZIER

Il ne se passe pas un mois sans que nous soit annoncé des révolutions dans le traitement des hépatites virales et des maladies du foie. Mais les innovations thérapeutiques peuvent avoir un autre visage. C’est cette histoire qui se passe à l’hôpital de SAINT-DIZIER ce jour et que je voudrais vous raconter. Cette innovation on la doit aux malades bien sûr, mais aussi au travail commun des deux infirmières d’éducation thérapeutique Emmanuelle et Catherine avec les deux diététiciennes Amélie et Audrey.

Il existe de longue date des ateliers cuisine pour les patients diabétiques afin de les aider à faire des repas en respectant les règles hygiéno-diététiques liées à leur maladie. Mais pour les malades porteurs de maladie du foie, rien ! Pourtant tous les services d’hépatologie ont dans leurs intervenants une diététicienne, ce qui permet d’adapter l’alimentation des malades, limitation du sel, augmentation des apports protidiques. Et puis il y a les pathologies associées, de nombreux patients sont cirrhotiques mais également diabétiques… Que votre foie soit dégradé par un virus, de l’alcool, un médicament, du fer ou une cirrhose biliaire primitive le combat de l’alimentation reste le même.

Ce premier atelier s’est déroulé dans la bonne humeur sous le contrôle d’une diététicienne avec la participation d’une infirmière de l’UTEP (Unité Transversale d’Education du Patient) ce qui a permis de revoir, de façon conviviale, le rôle et les fonctions du foie. En tant que médecin testeur je me suis joint au groupe à 13 heures.

Je peux vous assurer que tout était délicieux et qu’autour d’une table avec un repas que l’on s’approprie, les problèmes sont verbalisés et abordés complétement différemment !

Nous ne nous arrêterons pas là, lors de la prochaine édition nous programmons de nous rendre avec la diététicienne en grande surface pour faire les courses tous ensemble et surtout apprendre à lire et déchiffrer les étiquettes. On pourrait imaginer aussi que chaque malade ayant élaboré un repas invite une personne de son choix pour évoquer la place de l’entourage face à la maladie et ce, autour d’un bon repas. Voici notre révolution thérapeutique, nous souhaitons inventer des nouveaux espaces de soins et de rencontre soignant /malade.

Un grand merci à Audrey, Emmanuelle, Catherine et Amélie pour leur professionnalisme et merci aussi à la maison de retraite du Chêne pour nous avoir mis à disposition sa cuisine.

Vous aussi vous avez des recettes hépatantes n’hésitez pas à nous les adresser.

Pascal Mélin


Atelier cuisine du 18 août 2015

Terrine de courgettes et saumon fumé

Duo de brochettes & Ses salades froides

Smoothie & Biscuit roulé à la compotée de fraise

DECOUVREZ LES RECETTES, cliquez…­

LA VIE IMMORTELLE D’HENRIETTA LACKS…

HENRIETTA LIVREIl y a des livres qui vous racontent de belles histoires et il y a ceux qui vous apprennent des choses. Mais plus rarement il y a des livres qui font les deux, en voici un !

« La vie immortelle d’Henrietta Lacks » de Rebecca Skloot aux Editions Calmann-Lévy, publié en 2010 (21,50 euros).

Son nom ne vous dit probablement rien, Henrietta Lacks, et pourtant nous sommes des milliards à lui devoir quelque chose. Sans dévoiler le livre, je voudrai vous éclairer un peu. Après la Seconde Guerre mondiale les découvertes médicales explosent avec en particulier l’arrivée des antibiotiques. Pourtant, la science médicale bloque sur la question des cultures cellulaires. N’arrivant pas à cultiver des cellules saines plusieurs chercheurs se tournent vers les cellules cancéreuses qui sont par définition immortelles. Mais faute de milieu de culture correcte toutes les tentatives échouent. C’est alors qu’en 1951 Henriette Lacks, cette Afro-Américaine qui travaillait dans les champs de tabac du sud des Etats-Unis, est atteinte à l’âge de 31 ans d’un cancer foudroyant de l’utérus. Les médecins réalisent un prélèvement qui permet le diagnostic mais malheureusement Henrietta ne survivra pas. Par contre, ses cellules cancéreuses sont résistantes et se reproduisent sans jamais s’arrêter. Les médecins tiennent alors leur première culture cellulaire et du nom de la patiente on la nomme, HeLa. Les cellules HeLa ont été échangées à travers tous les laboratoires du monde. On estime aujourd’hui que l’on développe plus de 50 millions de tonnes de cellules HeLa. C’est juste vertigineux ! Cette culture cellulaire a permis le développement du vaccin contre la polio, de tester et comprendre l’action des chimiothérapies, les cellules d’Henrietta ont même été embarquées en 1960 dans le deuxième satellite lancé par les soviétiques puis aussitôt à bord du satellite Américain Discoverery XVIII pour voir leur comportement dans l’espace, ou leur réaction à l’exposition des rayons.

Henrietta est à l’origine de dizaines de découvertes scientifiques. Pourtant elle a permis aussi une révolution éthique. C’est ce que nous apprend Rebecca Sklott, journaliste d’investigation scientifique. On apprend ainsi qu’avant la découverte des cellules HeLa, il avait été décidé de contaminer volontairement des enfants déficients de centres spécialisés de l’hépatite B. De la même façon on a mis en contact avec du plomb des enfants noirs pour confirmer le lien avec le saturnisme. Tous ces essais ont été réalisés sans aucune information ni consentement des patients, on a même osé faire des greffes de cellules cancéreuses… Il faudra attendre 1966 pour que le NIH (National Institutes of Health) et ACLU (Union Américaine pour les Libertés Civiles) demandent l’interdiction de telles pratiques. Dans ce livre on apprend aussi qu’un certain Slavin au début des années 70 (hémophile de son état, mais surtout sans travail) avait vendu son sang à Baruch Blumberg (médecin, prix Nobel pour la découverte de l’hépatite B) pour élucider la production d’anticorps et tenter de mettre au point un vaccin. Dans les années 80, le virologue allemand Harald zur Hausen découvrit une nouvelle souche de virus le papilloma virus (HPV-18) qui était présent dans les cellules HeLa et fit le lien avec le cancer du col de l’utérus et expliqua ainsi la maladie d’Henrietta. Cela vaudra au virologue allemand un prix Nobel et permettra le développement d’un vaccin. Enfin, le Dr Axel réussit à infecter les cellules HeLa par le VIH ce qui a alors permis d’accélérer la recherche…BLOG HENR 2

Mais au-delà de ces découvertes, c’est aussi l’histoire d’une saga familiale avec des enfants qui bien que faiblement instruits se sont posé les questions : ces cellules, est-ce encore notre mère ? Pourquoi ne nous en a-t-on jamais parlé ? À qui appartiennent ces cellules ? Maman est-elle allée dans l’espace ? Qui doit toucher les dividendes des cellules HeLa ?

Cela renverra tous les hépatants à la question : suis-je propriétaire de mon virus ?

Merci madame Henrietta Lacks vous êtes une grande dame nous vous devons beaucoup, les hépatants vous saluent.

Un livre à mettre dans la bibliothèque hépatante.

Pascal Mélin

LE CABARET VERT 20-21-22-23 AOUT 2015. INFORMATION ET RÉDUCTION DES RISQUES AVEC YOZ

CABARET VERT 2

 Le Cabaret Vert, Infos pratiques :

 Services: http://cabaretvert.com/infos-pratiques/services/

 Camping: http://cabaretvert.com/infos-pratiques/camping/

 

COMMENT SE PROTÉGER ?

L’équipe bénévole de l’association Yoz sera présente sur le site et les campings du festival pour prévenir et informer sur les risques liés aux comportements en milieu festif, les risques liés aux usages de substances psycho actives (tabac, alcool, cannabis, ecstasy…) et aux autres comportements tels que l’écoute de musique amplifiée, la conduite de véhicule ou les relations sexuelles (VIH, IST, hépatites…).

 

 

 

 

ÉBOLA. LE VACCIN EST LÀ ET ALORS ?

EBOLA. Le virus qui a fait trembler les démocraties. Par le passé se sont les grandes épidémies comme la peste, le choléra, la tuberculose ou plus récemment le SIDA qui ont ébranlé les démocraties.

Aujourd’hui, grâce aux média et à grand renfort de sensationnalisme c’est EBOLA qui est venu nous faire peur. Alors pourquoi ? Ce virus est pourtant connu depuis plus de 30 ans et il a déjà fait plusieurs épidémies dans différentes régions d’Afrique. Oui, mais là il y avait les yeux du monde. Et pour la première fois, comme dans un scénario de science-fiction on pouvait imaginer la diffusion de cette épidémie mortelle, à l’échelon planétaire.

Les frontières se sont fermées, les moyens de transports se sont paralysés, l’économie de région entière a été mise au point mort… Pour justifier cette mise en quarantaine les pays riches ont envoyés des équipes médicales d’aide. Les centres hyper spécialisés en maladies infectieuses ont accepté d’accueillir et de soigner les soignants qui s’étaient contaminés dans le cadre de leur mission d’assistance. Les différents pays d’Europe ont chacun accueilli des malades mais il s’agissait toujours de ressortissants européens et jamais de malades africains qui devaient rester sur site pour bénéficier de soins locaux. L’épidémie EBOLA est rapide, hautement contagieuse et foudroyante. Il n’existait aucun traitement ni vaccin. Des sommes colossales ont été débloquées et plusieurs équipes de chercheurs ont été sommé de travailler sur cette épidémie. Très vite des molécules ont semblé intéressantes, mais les stratégies des essais thérapeutiques et les études semblaient trop longs. Alors on s’est autorisé à tenter le tout pour le tout et donc à soigner des malades avec ce qu’on pensait être efficace. Scandaleux me direz-vous ? Et bien non, car il n’y avait aucune autre alternative mais les budgets mobilisés en quelques mois ont permis de mettre au point des traitements qui ont réduit significativement la mortalité et cette semaine ont nous annonçait qu’un vaccin était mis au point et qu’il était efficace dans 100% des cas.

Bravo devant de tels résultats ! Et pourtant que se cache-t-il derrière cette annonce tonitruante ? Le vaccin VSV-ZEBOV, car c’est son nom, a quand même la particularité de devoir se conserver à moins 80 degrés Celsius ! Ce qui sera une prouesse technologique là ou l’épidémie sévit, c’est-à-dire dans 3 pays pauvres et au climat tropical, La Guinée, La Sierra Leone ou le Libéria. De plus l’équipement sanitaire étant insuffisant dans ces pays, les soignants locaux ont été exposés et largement décimés. Aujourd’hui, les manques de soignant ralentissent les autres programmes d’accès aux soins. Ainsi, en Sierra Leone seuls 20% des 10 000 séropositifs au VIH, connus, reçoivent encore un traitement et 50% des emplois du secteur privé ont été perdu, au Libéria le pouvoir d’achat des ménages a chuté de 35% en 6 mois.

Alors pour qui sera le vaccin ? Pour les pays riches et leur permettre de se protéger de cette nouvelle peste prête à les envahir ? Ou bien poursuivrons nous la solidarité Nord/Sud pour permettre l’accès aux soins et à la prévention des populations ? Cinq milliards de dollars ont été promis pour aider au redressement des économies de ces trois pays et la mise en place de programmes pour apprendre aux populations locales et aux soignants de se protéger. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) soutient les pays qui exécutent les programmes de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, financés par le Fonds Mondial (qui oublie toujours les hépatites virales), aujourd’hui il s’est investi aussi dans la lutte contre Ebola.

Mais les croyances ont la vie dure (la France en sait quelque chose), ainsi localement il a été dit que cette maladie se transmettait par les soins dans les hôpitaux et les dispensaires. Ce sont 800 000 femmes qui devraient accoucher dans les 12 mois et pourtant elles sont tentées de fuir les hôpitaux, ce qui augmentera la mortalité materno-infantile. Il est bien évident que le problème va bien au-delà de l’accès au vaccin mais repose clairement sur l’accès aux soins pour les plus démunis.

Et l’hépatite B me direz-vous ? Et bien pendant tout ce temps il n y a toujours pas de programme de dépistage des femmes enceintes ni de vaccination systématique des nourrissons dans ces pays… Cet attentisme est criminel…

Mais nous sommes dans un pays riche, l’épidémie d’Ebola est sous contrôle, nous avons un vaccin pour nous en protéger, tout va bien dans le meilleur des mondes. Le championnat de France de foot de ligue 1 a repris et l’équipe du PSG a gagné son premier match, ce qu’elle n’avait pas fait depuis 4 ans…

Pascal Mélin

Pour en savoir plus : http://www.huffingtonpost.fr/mandeep-dhaliwal/les-plus-demunis-pourront-ils-beneficier-du-vaccin-contre-ebola_b_7953972.html 

ON L’APPELAIT MOMONE…

Elle s’appelait Simone mais son surnom c’était Momone, un personnage haut en couleurs à Saint-Dizier… Elle nous a quittés il y a quelques jours et je voudrais lui rendre hommage car c’était une hépatante de l’ombre…

Momone, tu faisais partie des grognards de la vieille garde. Tu avais participé aux premières réunions de SOS hépatites lorsque nous n’étions pas encore dix. Tu avais eu l’idée géniale d’acheter du ruban vert pour imiter le ruban rouge du VIH, à l’époque tu m’avais dit : « La couleur des maladies du foie c’est le jaune, mais je préfère le vert c’est la couleur de l’espoir. Je ferai des rubans jaune et rouge pour les co-infectés VIH-VHC ». On était en 1997…

Tu aimais à raconter à qui voulait l’entendre que tu étais là quand j’étais arrivé comme interne dans le service… Puis tu avais perdu pied dans l’alcool pour supporter les embûches que la vie te réservait. Et puis un jour tu semblais plus perdue encore, plus maigre, perdue et dénutrie. On avait alors découvert que tu présentais une hépatite C aigue. Je mis alors en application ce que j’avais appris, il faut traiter les hépatites aigues. Mais j’étais bien prétentieux et l’alcool a détruit ton futur, tu vivais au jour le jour sans te soucier des lendemains, et le traitement de cette hépatite aigue n’avait donc aucun sens… Pendant deux ans on t’a vu tournoyer dans ta maladie alcoolique. Au bout de deux ans tu as accepté une première biopsie hépatique d’évaluation, celle-ci retrouvait un score de fibrose F2. Tu as alors accepté un sevrage dans un but de traitement. À 10 jours de sevrage on avait débuté une bithérapie interféron ribavirine. Malheureusement, au bout de 3 semaines tu avais présenté une décompensation psychiatrique qui avait nécessité ton transfert en psychiatrie. Pour te rassurer, tu avais alors repris le chemin de l’alcool. Tu acceptais régulièrement de venir parler de la souffrance de ta vie. Deux ans après, une nouvelle biopsie révélait qu’en seulement 4 ans, les liaisons dangereuses alcool et virus de l’hépatite C t’avaient amené à la cirrhose… Tu acceptas alors un passage en postcure puis en psychiatrie ou tu découvrais les ateliers d’écriture et l’art-thérapie. Alors que nous étions craintifs sur la reprise d’une bithérapie, c’est toi qui nous as rassurés. On a débuté le traitement, la tolérance était difficile mais tu étais abstinente, progressivement tu as guéri.

Tu es sortie de l’hôpital psychiatrique, tu as fini ton traitement sans alcool. Et tu as alors brandi ta guérison comme un étendard repris sur un champ de bataille. Cette abstinence a duré 7 ans. Sept années pendant lesquelles tu as écrit dans les ateliers d’écriture, en art-thérapie tu as réalisé de nombreux objets. Sur mon bureau il y a toujours la main que tu m’as offerte et la godasse trouée… BLOG MODELAGE

Puis la vie t’a de nouveau fait souffrir et l’alcool revenu. Mais tu avais gagné du temps et montré à tes enfants que tu étais plus forte que l’alcool.

Tu as continué de vivre en funambule, en équilibre, sans complétement tombé, tu étais devenue grand-mère. Hier, j’ai rencontré ta fille et ta petite-fille qui m’ont appris la nouvelle… Il y a quelques jours tu t’es endormie et tu ne t’es pas réveillée…

Tu m’as appris que ce n’était pas aux médecins de décider de la guérison, mais aux malades. L’alcool n’est pas incontournable et les soins de la maladie alcoolique peuvent passer par les soins de l’hépatite C. Tu nous as demandé de te faire confiance pour nous prouver que c’était possible.

Merci Momone, tchao la rebelle.

Pascal Mélin