Je ne veux pas dire merci aux terroristes !
C’est la phrase que j’ai entendu mercredi dernier à ma consultation.
Je recevais un patient atteint d’une maladie hépatique grave sur liste d’attente pour accéder à une greffe du foie. Son état se dégradait régulièrement et l’attente semblait bien longue et c’est là que le patient m’a déclaré : « Docteur j’ai hâte d’être greffé mais j’espère si je suis greffé ne pas avoir à dire merci aux terroristes ! »
Je ne comprenais pas et je lui demandais donc : « De quoi parlez-vous, je ne comprends pas ? »
– « Et bien docteur vous avez entendu il y a eu un attentat à Strasbourg, il y a eu 3 morts mais ils ont annoncé aussi qu’il y avait quelqu’un en coma dépassé ! Et ça c’est bon pour moi non ? Car si j’ai bien compris se sont les personnes en coma dépassé qui peuvent devenir donneurs d’organes. »
– « Oui c’est vrai vous avez raison. »
– « Donc ce que je dis docteur si on m’appelle demain pour être greffé j’espère que ce ne sera pas à partir de cette pauvre personne sinon cela voudrait dire que je devrais remercier les terroristes ! »
– « Ah oui je comprends mieux votre phrase. »
– « Vous comprenez, j’ai honte et j’ai peur à la fois ! C’est fou que pour pouvoir survivre il faut attendre le malheur des autres. Mais là c’est trop ! Je ne veux pas attendre des fusillades. On m’a dit que suite aux attentats de Nice il y avait eu plusieurs prélèvements d’organes, c’est vrai docteur ? »
– « Je n’en sais rien mais l’accès à la greffe passe souvent par le malheur d’une autre personne et de sa famille, mais ne culpabilisez pas, ne vous torturez pas, mettez votre énergie à rester dans le meilleur état de santé possible pour ne pas rater la greffe tant attendue ! »
C’est vrai que ce dilemme est effroyable, heureusement que la greffe est protégée par l’anonymat du don.
Pascal Mélin #dubruitcontrelhepatitec