P. Melin (1, 2,4 ) ; V. Loustaud-Ratti (5) ; Dialo A. (3, 1) ; Kerouaz S. (1) ; Laurain S. (2) ; Ragot E. (3) ; Equipe de SOS Hépatites (4)
(1) Service de médecine et d’hépatologie, CHG Saint-Dizier ; (2) CSAPA52, Saint-Dizier ; (3) Utep, CHG de Saint-Dizier ; (4) SOS Hépatites Fédération ; (5) Service d’hépatologie CHU LIMOGES
Introduction
Les patients infectés chroniquement par l’hépatite B (VHB) reçoivent des consignes de dépistage et de vaccination de leur entourage lors des consultations. Cette enquête a vocation de connaître le ressenti des malades de façon déclarative. Il semble bien que ces recommandations de l’HAS (Haute Autorité de Santé) ne soient pas toujours appliquées.
Matériel et méthode
L’enquête a été distribuée de façon multicentrique lors de consultations. Les résultats ont été récupérés par mail, fax ou courrier. L’enquête a été réalisée pendant 6 mois en 2016.
Résultats
152 questionnaires ont étés retournés et traités :
- 63,8% étaient des hommes, âge moyen 47, 4 ans (18-83)
- L’ancienneté de l’annonce était de 10 ans en moyenne (minimum 6 mois à maximum 42 ans)
- Pays d’origine : pour 32% ils étaient nés en France, reste de l’Europe 15,8%, Asie 11,2%, Afrique 37,5%, autre 3,3%.
- Vous a-t-on expliqué la nécessité de faire dépister votre entourage ? OUI 72,3%, NON 21 %, je ne sais pas 6,7%
- Avez-vous incité votre entourage à se faire dépister ? OUI ou plutôt oui 66,5%, NON ou plutôt non 23,6%, je n’ose pas 10,5%
- Avez-vous confiance dans le vaccin de l’hépatite B ? OUI ou plutôt oui 70,4%, NON ou plutôt non 8,5%, je ne sais pas 21,1%
- Avez-vous incité les personnes de votre entourage à se vacciner ? OUI ou plutôt oui 67,1%, NON ou plutôt non 26%, je n’ose pas 6,9%
- Parmi vos proches, connaissez-vous des personnes opposées à la vaccination ? OUI : 30,2%
- Parlez-vous facilement de votre hépatite B ? OUI 53,6%, NON 39,1%, je n’ose pas 7,3%
- Souhaiteriez-vous de l’aide pour parler de votre hépatite B ? OUI: 44,1%, NON 55,9%
Discussion
Alors que la vaccination de l’entourage des personnes infectées par le VHB ne doit pas faire débat et est fortement recommandée, la réalité semble plus compliquée.
Il semble en effet que 1 patient sur 5 ne soit pas informé de la conduite à tenir vis-à-vis de son entourage et 1/3 n’incite pas à la vaccination par refus ou par crainte.
Dans 30,2% des cas, les patients ont quelqu’un d’opposé à la vaccination dans l’entourage. En analyse multivariée, on voit qu’il s’agit le plus souvent de gens nés en France. C’est 4 fois plus fréquent chez les gens nés en France plutôt qu’en Afrique ou en Asie. Ce qui confirme bien que la défiance envers le vaccin est un problème franco-français. Par contre, les patients nés en Afrique ou en Asie ont reçu trois fois moins de consignes concernant l’entourage.
Conclusion
La vaccination de l’entourage des personnes vivant avec le VHB est loin d’être systématique. On demande souvent aux malades d’être des acteurs opérationnels du dépistage et de la vaccination de l’entourage mais ce n’est le cas que 2 fois sur 3.
Des programmes d’aide et d’accompagnement à l’annonce de la maladie et à la réalisation de la vaccination sont nécessaires et demandés par les malades.
Les associations de malades et les équipes d’éducation thérapeutique devraient se saisir du problème en proposant des accompagnements spécifiques.
Contact : pascalmelin@hotmail.fr