L’HEPATITE C AU COEUR DU COLLOQUE ATHS (ADDICTIONS TOXICOMANIES HEPATITES SIDA)

Retours sur le colloque international ATHS (Addictions Toxicomanies Hépatites Sida)

Comme tous les deux ans, le colloque international ATHS (Addictions Toxicomanies Hépatites Sida) s’est tenu à Biarritz, du 17 au 20 octobre 2017. Un rendez-vous prisé des professionnels, qui ont beaucoup débattu d’hépatites, mais aussi de traitement des addictions, de réduction des risques et des dommages, de législation et de politique des drogues, et de bien d’autres choses.

L’hépatite C a fait l’objet de nombreuses communications et de tout autant de posters : pas moins de quatre ateliers, une des sessions plénières et plusieurs autres interventions ont été spécifiquement consacrés aux hépatites – VHC pour l’essentiel. L’un de ces ateliers ainsi que la session plénière étaient animés par SOS Hépatites, très présente sur ce colloque, tout comme un autre atelier intitulé « Care, cure & innovations ».

L’intervention en séance plénière de Pascal Melin, président de SOS Hépatites, fut attendue et appréciée : les « coups de gueule » de Pascal sont, pour certains, l’un des rares moments un peu corrosifs parmi des discours qui semblent devenir plus consensuels et moins militants. En bon lanceur d’alerte, Pascal attirait l’attention des participants sur l’épidémie de NASH* à venir, le surpoids se développant notamment au détour des sevrages de tabac, d’alcool ou d’héroïne. Les autres interventions de cette plénière dédiée aux hépatites soulignaient le recul de l’hépatite C dû aux traitements récents, la nécessité de renforcer les dépistages, l’accès aux soins, la réduction des risques et des dommages auprès des usagers de drogues et la nécessaire vigilance sur le syndrome métabolique et les virus de l’hépatite B. Les principaux défis des prochaines années concernent le dépistage et le traitement des porteurs de VHC qui ignorent encore qu’ils le sont.

Parmi les ateliers, celui intitulé « Hépatologie et usages de substances » insistait sur l’importance des dispositifs de réduction des risques et des dommages pour ce touche à la prévention, au dépistage et à l’accès aux traitements pour les usagers de drogues. La précarité des conditions de vie de ces usagers et leur absence de couverture sociale sont des freins pour l’accès aux soins ; ces publics se révèlent pourtant très compliants lorsqu’il accèdent aux traitements, pour peu que la prise en charge soit suffisamment coordonnée et les équipes d’intervenants correctement formées. L’éducation thérapeutique et l’accompagnement des patients jouent ici pleinement leur rôle et se justifient d’autant plus lorsque les conditions de vie sont précaires. La consommation de tabac ainsi que le surpoids sont en revanche des facteurs aggravant le risque d’une fibrose sévère, tandis que l’association entre alcool et surpoids tend à réduire la qualité des dépistages.

L’atelier « Hépatite C : après la guérison, quelles suites ? », porté par SOS Hépatites, pointait les recontaminations rencontrées chez les usagers de « chemsex » (pratiques sexuelles couplées à des usages de substances psychoactives, concernant principalement les publics gay) et la mise en échec des soignants qui peut en découler. Le nombre de personnes co-infectées VIH et VHC a en revanche été divisé par deux, du fait des nouveaux traitements, mais rencontre encore des vieux freins au dépistage systématique. L’éducation thérapeutique, par exemple via le reconditionnement à l’effort physique, prend ici tout son sens. Une expérience de groupe de parole pour Hépatants usagers de drogues, mis en place à Paris, prolonge le parcours de soin en mettant l’accent sur les traitements courts et les nouvelles molécules.

Un autre atelier porté par SOS Hépatites sous le titre « Care, cure & innovations » mettait lui aussi l’accent sur l’accès aux soins (notamment avec les retours d’expérience du CAARUD YOZ, de SOS Hépatites Champagne-Ardenne) et sur l’intérêt de l’éducation thérapeutique (intervention de SOS Hépatites Paris Ile-de-France (PIF) au CSAPA de l’hôpital psychiatrique Sainte-Anne). Une expérience alliant SOS Hépatites PIF et l’hôpital Marmottan intégrait pour sa part le shiatsu dans le parcours de soins.

Un atelier dénommé « Simplifier pour éliminer l’hépatite C » se concentrait sur les facilités qu’apportent non seulement les traitements, dont la durée est beaucoup plus courte, mais aussi les modalités de dépistage (TROD, notamment). Encore faut-il savoir mobiliser les équipes et les réseaux, notamment lorsqu’il s’agit de l’accueil en CSAPA. L’intégration des soins dans une structure et les partenariats entre structures permettent alors de renforcer l’accès aux soins et la prise en charge des patients.

L’atelier « L’hépatite C en médecine générale : dépistage et parcours de soins » détaillait l’intérêt des dépistages s’appuyant sur un FibroScan, en particulier dans les petites ou microstructures. L’étude des parcours de santé confirme par ailleurs l’intérêt des structures de médecine générale (centres de santé CPAM, centres municipaux de santé, médecine communautaire…) pour les usagers de drogues ne fréquentant pas les CAARUD. L’étude Hepcort, qui s’est penchée sur l’incidence du VHC chez les usagers de drogues substitués, confirme elle aussi l’impact de ce type de suivi et le caractère protecteur des traitements de substitution aux opiacés (TSO), 80% des prescriptions de TSO étant réalisés en médecine générale.

 

Dans l’atelier « Hépatologie et usages de substances » les communications orales sur l’ETP et l’impact du surpoids et de l’alcool dans la fibrose impliquait SOS hépatites Alsace Lorraine.

Enfin, mentionnons une communication intitulée « Cannabis, insulinorésistance et stéatose chez les personnes infectées par le VIH et le VHC », au sein d’un atelier sur les applications thérapeutiques du cannabis. A partir d’une étude de la cohorte HEPAVIH, l’auteur confirme l’impact favorable des usages de cannabis sur l’insulinorésistance et l’évolution de la stéatose, à l’instar des consommations de café. L’usage concomitant de tabac se révélant dangereux, la préférence d’indication irait plutôt vers les médicaments à base de cannabidiol. Encore faudrait-il aussi limiter les usages d’alcool, plus importants chez les usagers de cannabis, et distinguer le rôle des récepteurs CB1 et CB2 dans les stéatoses. Les réticences de la France en matière de recherche sur les usages thérapeutiques du cannabis ne favorisent toutefois pas ce type de recherches.

 

 

Le programme complet de ce colloque se trouve ici.

 

 

* Non-Alcooholic Steato Hepatitis, ou stéatohépatite métabolique.

 

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