VACCIN ET GREFFE… IL FAUT LE FAIRE !

Je voudrais vous raconter une histoire récente en conservant l’anonymat du médecin et de l’hôpital concerné.

Un de mes patients est guéri de son hépatite C, mais comme d’autres, il rentre dans la catégorie de ceux que j’appelle « les guéris trop tard ». En effet, malgré la guérison virologique, son état hépatique et sa cirrhose se sont dégradés.

Donc, naturellement, j’ai préparé psychologiquement le patient à accepter l’idée et la possibilité d’une greffe du foie, puis l’ai envoyé vers un centre de transplantation.

Une des recommandations dans la préparation à la greffe est la vérification et la mise à jour des vaccins de l’hépatite A et B inclus, en vérifiant bien sûr qu’il n’est pas déjà protégé.

C’est ce que j’avais fait en lui expliquant l’importance de cette protection.

Quelque temps plus tard, il est hospitalisé dans le centre de référence où il n’a finalement pas pu bénéficier des soins qui étaient prévus, car il était fébrile. Aucune cause à cette fièvre n’a été trouvée et le patient interroge l’un des médecins de l’équipe de transplantation en lui demandant :

–  « Est-ce que la fièvre peut venir du vaccin de l’hépatite B que j’ai fait il y a quelque temps ?»

La réponse du spécialiste :

– « Non, cela n’a rien à voir, mais, pourquoi vous a-t-on vacciné maintenant contre l’hépatite B ?»

Cher Confrère, je pense que vous vous êtes demandé à haute voix, si c’était le meilleur moment pour réaliser une vaccination et ce, d’autant que la chute des défenses immunitaires liées à la cirrhose diminue la réponse à la vaccination.

Je suis sûr que c’est à cela que vous pensiez !

Mais votre manque d’explications a mis le doute dans la tête de mon patient :

– «  Suis-je  bien pris en charge, pourquoi les médecins ne disent-ils pas tous la même chose ? Qui dois-je croire ? Que dois-je faire ? La greffe est-elle la bonne solution ? »

Et oui ! Le problème est bien celui de la cohérence du parcours de soins dont on parle tant. Apprenez qu’avec une simple phrase anodine, vous pouvez semer le doute et l’inquiétude dans la tête d’un malade.

Comprenez bien que nous sommes tous perdants ! Vous, le malade et moi.

L’accès à la greffe est un parcours difficile où il faut gagner la confiance et la sincérité du malade. Car, si pour vous, la greffe est votre travail quotidien, pour le malade, c’est l’ultime rempart entre lui et la mort.

Alors, écoutez à l’avenir ! Réfléchissez avant de répondre ! Et ayez le souci de maintenir le corps médical en cohérence.

Partout ! Il est dit dans les recommandations que les patients en attente de greffe doivent être à jour de leur vaccination.

Pascal Mélin

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