HÉPATITE C : NOUS AUSSI ON A NOS CLUSTERS…

Cluster, voici un mot que lon connaissait peu hier et qui aujourdhui est employé dans tous les médias et se retrouve sur les lèvres de tout le monde (derrière le masque bien sûr !).

On parle à tout bout de champ des clusters COVID 19, mais nous aussi dans l’hépatite C, on a nos clusters ! Il sagit, certes, de clusters passés, ce qui pourrait être plutôt qualifié de «tribus ».

La tribu cest lensemble des gens avec qui vous avez fait un bout de cheminAvec qui vous avez échangé du matériel et peut-être des virus également.

Le principe du cluster est simple : lorsque je tiens le premier malade, il suffit de tirer sur le fil, de trouver les « sujets contacts » qui sont peut être à leur tour malades et qui doivent donc, à leur tour, être dépistés.

Quand en 2020 on découvre quun patient est porteur dune hépatite C , sil sest contaminé par toxicomanie, il est important davoir à l’esprit ce « cluster » du temps passé ! Aller à la recherche de ce que sont devenus les membres de la tribu avec qui il y a eu une co-consommation, mais aussi peut être une co-infection par le VHC. Ce travail de recherche peut être douloureux et beaucoup de patients n’ont pas forcément envie de retrouver des contacts dil y a 20 ou 30 ans concernant une partie de leur vie, qu’ils ont parfois envie doublier . Mais pour les toxicomanes actifs, cela prend un autre sens, comment passer dune chaine de contamination à une chaine du dépistage ?

Oserait-on dire : « tu es porteur de l’hépatite C, on va te traiter et tu vas guérir, mais il faut absolument que tu retrouves, si tu le peux, les gens avec qui tu as pu te contaminer ou transmettre, cest important pour contrôler l’épidémie et guérir chacun ! »

Alors vous êtes convaincus ? Nous aussi, on a nos clusters et cette vision de lépidémie peut permettre de micro éliminations au sein dun CSAPA, dune communauté, d’une ex tribu ou simplement dun groupe de co-consommateurs.

Pascal Mélin

PERSONNES À RISQUE DE FORME GRAVE DE COVID

Personnes à risque de forme grave de Covid : les associations de patients et d’usagers exigent une protection efficace et cohérente

Communiqué de presse

20 octobre 2020

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Depuis le mois de mars, de nombreuses associations de patients et d’usagers se mobilisent pour garantir la protection des travailleurs à risque de forme sévère de Covid-19. Si des arrêts de travail à titre préventif ainsi qu’un dispositif d’activité partielle ont pu être mis en place dès le 17 mars, le décret du 29 août dernier, pris dans le contexte du plan de relance économique, a resserré à l’excès la liste des personnes protégées à seulement quatre critères de vulnérabilité.

Les associations avaient pourtant alerté : face à l’inévitable reprise épidémique en cette fin de période estivale, c’est une impérieuse nécessité que de continuer à protéger toutes les personnes à risque de développer une forme sévère de Covid-19.

Le risque de désinsertion professionnelle, avancé par le gouvernent comme motivation de l’évolution du dispositif, ne doit pas occulter les questions de vie ou de mort qui sont ici posées. Entre le 8 septembre et le 14 octobre, 6500 personnes de moins de 65 ans ont été hospitalisées, 1500 ont été admises en réanimation. L’immense majorité d’entre elles présentaient des critères de vulnérabilité. 140 sont décédées, et beaucoup d’autres devront faire face à des séquelles dont on commence à peine à mesurer l’ampleur.

Au début du mois d’octobre, 50 associations se sont exprimées dans une tribune, pour que des mesures soient prises sans délai afin de réaffirmer l’engagement de l’État qui a pourtant su prendre les mesures appropriées dès le début de la crise.

C’est finalement le Conseil d’État qui contraindra l’État à revoir sa copie faute d’avoir publié une liste de critères de vulnérabilités cohérente. Dans sa décision du 15 octobre dernier, il suspend en effet le décret du 29 août et renvoie, de fait, à l’application du décret du 5 mai dernier.

Au regard de la circulation très active du virus sur l’ensemble du territoire, de l’augmentation des hospitalisations et de l’état d’urgence décrété à partir du 17 octobre, la protection des personnes les plus exposées au risque de forme grave n’est plus une option. Et aucun arbitrage favorable au primat du retour au travail sur site ne peut être socialement acceptable.

Les attentes des associations :

  • Une liste de critères de vulnérabilités cohérente au regard des données robustes actualisées, tenant compte des manquements de la liste antérieure qui excluait notamment les maladies rénales sévères ni dialysées ni greffées
  • Le retour de la protection des proches vivant sous le même toit qu’une personne vulnérable, auxquels la même protection doit être proposée, afin qu’ils ne se trouvent pas dans la situation de la contaminer et donc de mettre directement sa vie en danger.
  • La reconnaissance du droit, pour les médecins prescripteurs, de s’appuyer sur des consensus d’experts pour protéger des personnes « hors liste », notamment lorsque celles- ci sont concernées par des maladies rares ou cumulent des facteurs de comorbidités et/ou de vulnérabilités sociales dont l’impact a été évalué par la DREES.
  • Le respect du principe de précaution au nom duquel tout retrait de la liste antérieure doit être motivé par l’existence de données robustes le permettant.
  • L’accès au chômage partiel doit être garanti sauf à ce que les personnes à risque de forme grave de Covid-19 puissent poursuivre leurs activités professionnelles à distance, le télétravail doit être opposable lorsque le poste s’y prête.
  • Pour protéger les personnes à risque de forme grave de Covid-19 qui souhaitent reprendre leur travail sur site, un accompagnement systématique par le service de santé au travail est nécessaire, tout comme la prise en charge de transports individuels dans certaines conditions et la mise à disposition de masques, y compris de type FFP2 si nécessaire.
  • Une attention particulière doit être portée aux travailleurs indépendants qui, bien souvent et compte tenu du niveau actuel de leur indemnisation, n’ont pas d’autres choix que le retour au travail sur site(s).
  • En tout état de cause, nous souhaitons être consultés avant toute nouvelle publication, dans le strict respect des principes de la démocratie en santé.

Seule l’application de ces mesures permettra de protéger efficacement les personnes à risque de forme grave de Covid-19. Ni hésitation ni négociation: le temps est à l’action pour le gouvernement.


Contact presse : Sophie BANCET – 01 53 62 40 37 / 06 18 13 66 95 – communication@france-assos-sante.org

SOS HÉPATITES EST À MARSEILLE…

Depuis 3 ans la métropole de Marseille s’est engagée dans l’action Marseille sans Hépatite C. Avec la présence locale d’une équipe de SOS Hépatites et le dynamisme du Pr Marc Bourlière…

Il y a donc maintenant un Congrès annuel MSH, comprenez Marseille Sans Hépatite C dont la deuxième édition se tenait ce jour. Mais il ne s’agit pas d’un congrès comme les autres. Car à MSH, pas de cours d’hépatologie ou de résultats d’études venant du Pérou ou d’Atlanta ! Non là, juste des ateliers avec des locaux, travailleurs sociaux, infirmières, représentants associatifs, hépatologues, addictologues, gastro-entérologues, médecins généralistes, pharmaciens, CSAPA, CAARUD…

Bref on a les œufs, l’huile, le sel et la moutarde, il faut maintenant faire une mayonnaise… Lever les freins et apprendre à faire mieux et différemment, ne pas s’auto-satisfaire de ce que l’on a déjà fait mais réfléchir à comment faire pour FINIR LE JOB DE L’HEPATITE C et se rapprocher du projet Marseille sans hépatite C.

Aujourd’hui SOS Hépatites Fédération et maladies du foie était en soutien de l’équipe de SOS Hépatites Marseille et tout ça sous le regard bienveillant de la « bonne mère ».

Pascal Mélin

13/10/2020, CAMPAGNE DE VACCINATION CONTRE LA GRIPPE – PENSONS AUSSI AUX INFECTIONS À PNEUMOCOQUE !

13/10/2020, CAMPAGNE DE VACCINATION CONTRE LA GRIPPE – PENSONS AUSSI AUX INFECTIONS A PNEUMOCOQUE !

« Prenez soin de vous, renseignez-vous, voire vaccinez-vous ! » SOS Hépatites porte chaque année la campagne de vaccination contre la grippe et les infections à pneumocoque, invitant les Hépatants et l’ensemble des personnes à risque de forme sévère à se faire vacciner. Cette année, la campagne contre la grippe 2020-2021, lancée aujourd’hui, mardi 13 octobre, est inédite (nous vous l’avons annoncé dans L’HÉPATANTE N°44 – septembre 2020, publiée le 22 septembre dernier). Elle se terminera le 31 janvier 2021.

SOS Hépatites demande la même attention et le même dispositif en faveur des mêmes personnes à risque pour la vaccination contre les infections à pneumocoque.

En effet, les trois infections, COVID-19, grippe et infections à pneumocoque, partagent de nombreux symptômes identiques et surtout les populations à risque de forme sévère sont sensiblement les mêmes. Rappelons que la vaccination contre la grippe saisonnière peut désormais être réalisée par les pharmaciens, en adaptant l’architecture de leur officine et en garantissant la confidentialité.

Dans un premier temps, du 13 octobre au 30 novembre, les doses de vaccins contre la grippe saisonnière seront UNIQUEMENT réservées cette année aux personnes ciblées. La cible est large : les personnes de plus de 65 ans, les femmes enceintes, les personnes qui ont des problèmes vasculaires, sont atteintes d’une maladie hépatique chronique avec ou sans cirrhose, qui souffrent d’insuffisance respiratoire, de bronchite chronique, d’asthme, de diabète, les personnes obèses ou souffrant de troubles neurologiques…, sans oublier les professionnels de santé. Ce sont plus de 12 millions d’usagers qui sont invités à se faire vacciner par l’Assurance-maladie.

L’entourage des personnes à risque (immunodéprimées, personnes en chimiothérapie par exemple) est aussi concerné. Vous êtes concerné mais n’avez pas reçu de bon de prise en charge de la sécurité sociale, le médecin ou le pharmacien peuvent éditer un bon de prise en charge.

Dans un second temps, après le 30 novembre les doses de vaccins seront accessibles à l’ensemble de la population prioritaire ou non prioritaire.

Alors ayez le réflexe : grippe, infections à pneumocoque, suis-je concerné ? Si oui, je me vaccine !

Allons plus loin, cette campagne inédite de vaccination doit être une nouvelle occasion pour toutes et pour tous de vérifier si on est à jour de ses vaccins !

SOS hépatites Fédération, partenaire officiel de la SEV (Semaine Européenne de la Vaccination).

Plus d’informations :

« Contre la grippe, nous avons la chance d’avoir un vaccin » : lancement de la campagne d’information, Ameli.fr, 13/10/2020

Recommandations vaccinales 2020.

Vaccination-info-service.fr

VACCINATION ANTIGRIPPALE 2020

MARDI 13 OCTOBRE : LANCEMENT DE LA CAMPAGNE DE VACCINATION ANTIGRIPPALE 2020

Chaque année la grippe tue au moins 5 000 personnes, en sera t-il de même cette année ?

La grippe tuerait autant que la route.

Alors imaginez, si vous aviez la possibilité avec un simple injection d’éviter de mourir sur la route, est-ce que vous vous en priveriez ?

La liste des personnes vulnérables face au virus de la grippe comprend les nouveaux nés, les seniors mais aussi les diabétiques, les obèses, les hypertendus, les cardiaques, les cancéreux, les insuffisants respiratoires et tous les malades du foie, en commençant par les cirrhotiques.

Pourtant en France, il y a encore des personnes fragiles qui sopposent à la vaccination antigrippale. Et puis il y a madame Michu qui à la boulangerie déclare  « il ne faut pas se vacciner trop tôt dans la saison sinon le vaccin ne marche plus quand on en a besoin ! » Ou bien il y monsieur Gérard, qui lui à la boucherie, déclare « moi je ne le fais pas, car la seule fois où je l’ai fait, j’ai été malade comme un chien ! »

Cette année la grippe aura sûrement plus de mal à se disséminer grâce aux gestes barrières ! On a déjà constaté que l’épidémie de gastro-entérite qui sévit chaque année au mois de septembre au moment de la rentrée scolaire, na pas pointé le bout de son nez cette année !

Et monsieur René qui déclare « le vaccin, ça n’évite pas de faire la grippe mais juste parfois ça l’atténue un peu ! »

Et le top, c’est Madame Josiane « si on est en bonne santé, on ne risque rien »

Que des idées reçues ! Mais lurgence reste en ce mardi 13 octobre de convaincre le maximum de personnes de se vacciner contre la grippe en commençant par les malades du foie.

Pascal Mélin

COVID-19 : TOUS LES CIRRHOTIQUES DOIVENT SAVOIR…

COVID-19 : TOUS LES CIRRHOTIQUES DOIVENT SAVOIR…

SOS Hépatites et Maladies du foie était présente au congrès annuel d’hépatologie de l’AFEF (Association Française pour l’Etude du Foie) qui s’est tenu du 7 au 10 octobre 2020 à Paris.

Le vendredi 9 octobre en fin d’après-midi, l’AFEF organisait un symposium sur le thème COVID et foie.

Depuis 6 mois, SOS Hépatites n’a cessé d’alerter sur les risques du COVID-19* et nous étions en attente d’une confirmation scientifique.

C’est chose faite, trois travaux français ont été présentés :

1/ Un travail multicentrique transversal de l’impact de la pandémie de COVID-19 sur la prise en charge du carcinome hépatocellulaire dans une zone française à forte prévalence. Il a été montré une perte de chance pour les patients avec des difficultés d’accès aux soins.

2/ Une étude d’impact du COVID sur la transplantation hépatique. On a pu constater un arrêt de la transplantation rénale avec décès de patients en liste d’attente. Un ralentissement de la transplantation hépatique faute de dons – constat compréhensible du fait du confinement – mais aussi une surmortalité des greffés du foie.

3/ Les résultats préliminaires du registre AFEF « COVID et Foie » rapportent une contamination importante des patients cirrhotiques et une mortalité accrue.

Il s’avère maintenant, comme on le craignait, que le COVID peut être dangereux pour les patients atteints d’une cirrhose !

Il est de notre responsabilité d’informer la communauté des malades, et particulièrement ceux connus pour être cirrhotiques, des risques qu’ils encourent face au COVID-19.

L’information, droit fondamental individuel de l’usager du système de santé, indépendamment de son état de santé, doit permettre aux malades de se protéger au mieux, de ne pas risquer de mourir du COVID-19, de faire des choix de vie et de se battre.

Les cirrhotiques doivent être informés, non stigmatisés, accompagnés et pris en charge spécifiquement.

SOS Hépatites et Maladies du foie demande que :

1/ Les personnes cirrhotiques puissent accéder au dépistage du COVID de façon facilitée.

2/ Les personnes cirrhotiques puissent accéder à des consultations spécialisées des maladies du foie le plus rapidement possible pour bénéficier d’une évaluation des risques.

3/ Les médecins généralistes, du travail et les équipes d’hépatologie soient également informés.

CETTE INFORMATION DOIT ÊTRE DIFFUSÉE LE PLUS LARGEMENT POSSIBLE.

Pascal Mélin, Président de SOS Hépatites et Maladies du foie.


* Entre mars et août 2020, il a été officiellement demandé aux personnes atteintes d’une cirrhose au stade B du score de Child Pugh au moins, puis à l’ensemble des personnes atteintes de cirrhose de se protéger « à tout prix ».

Par décret du 29 août, cette pathologie, comme de nombreuses autres, a été exclue de la liste des pathologies entraînant un risque élevé de forme grave de COVID.

Aux côtés d’une cinquantaine d’associations de patients et d’usagers, nous avons publié le 6 octobre 2020 la tribune « LA SANTÉ DES TRAVAILLEUR.SE.S VULNÉRABLES » pour :

  • Réclamer le retour à une protection adaptée de tous les travailleurs à risque élevé de forme grave et de leurs proches, sur la base de données scientifiques solides.
  • Refuser que les personnes vulnérables, en raison de leur état de santé, soient considérées comme des dommages collatéraux acceptables au motif que le relâchement des précautions favoriserait un rebond économique.

 

LE HANDICAP DISPARAIT-IL APRÈS GUÉRISON ?

Tout le monde répondra OUI !

En cette journée mondiale du handicap et du respect des droits des handicapés…

Pourtant la réponse pourrait être plus complexe et l’hépatite C vient éclairer ce débat d’un jour nouveau.

Les maladies du foie sont des maladies silencieuses et il n’est pas simple de faire prendre conscience à toutes et tous que même si l’on n’a pas de handicap visible, il est bien présent ! Une cirrhose virale n’est pas aussi visible lorsqu’on vous croise dans la rue qu’une amputation de la jambe ! Et pourtant il y a bien un handicap et un handicap parfois bien invalidant et présent bien avant le stade de cirrhose !

Aujourd’hui les maladies du foie sont reconnues comme source de handicap, tant mieux et cela en partie grâce aux manifestations extra-hépatiques.

Depuis 10 ans SOS Hépatites a œuvré pour que l’hépatite C puisse être reconnue comme un handicap et cela est acquis aujourd’hui !

Mais en 2020 on guérit de l’hépatite C dans presque 100% des cas. Alors que devient un handicap lorsque l’on peut guérir la maladie causale ? Faut-il sortir le malade guéri de la reconnaissance du handicap ? Le handicap est-il dû au virus ? Si oui, alors après guérison virale, le handicap disparait ! Et si le handicap est dû à la fibrose hépatique ou aux manifestations extra-hépatiques ? Alors il est normal que la guérison virale ne soit pas associée à la suspension du statut de handicap…

Le Handicap doit évoluer dans sa reconnaissance et dans sa position… Mais tout cela doit se faire avec les malades…

Pascal Mélin

LA SANTÉ DES TRAVAILLEUR.SE.S VULNÉRABLES

La santé des travailleur.se.s vulnérables : l’angle mort de la gestion de la crise

Alors que le risque de mourir de la Covid-19 est pour les personnes en âge de travailler et en bonne santé bien inférieur à 1%, pour celles et ceux qui sont atteint-e-s d’une ou plusieurs maladies chroniques, il est bien plus élevé : ils s’appellent Corinne, Justin, Laïla… Ils sont secrétaire, ouvrier, banquier… Ils sont atteints de mucoviscidose, d’une cardiopathie, d’une myopathie, d’un diabète compliqué ou en obésité morbide, et doivent retourner sur leur lieu de travail.

Entre le 17 mars et le 31 août, on leur a dit de se protéger « quoi qu’il en coûte », afin de ne pas attraper le virus, d’en mourir, ou de risquer l’hospitalisation et la réanimation. On leur a presque intimé l’ordre de ne pas se rendre sur leur lieu de travail pour ne pas risquer la contamination. Ils sont restés chez eux, en télétravail lorsque c’était possible, ou, à défaut, en « isolement volontaire » de longue durée. Un appel à la responsabilité individuelle, heureusement accompagné d’une indemnisation, leur ont permis, ainsi qu’aux proches résidant sous le même toit de s’isoler strictement. Et ce choix, ils l’ont largement fait*, au point même de renoncer, dans de nombreux cas, à toute sortie pendant plusieurs semaines. Ils ignoraient cependant que la durée de l’épidémie conduirait l’Etat à la stratégie du « vivre avec » et que l’ennemi d’hier allait devenir le compagnon d’aujourd’hui.

Alors qu’en mars peu de connaissances existaient sur le niveau de risque auquel ils étaient soumis, au fil des mois et de la propagation de l’épidémie dans le monde, les données se sont accumulées, et de nombreux pays, sur des bases scientifiques  plus solides, ont pu définir les critères de fragilité ou d’extrême fragilité vis-à-vis du virus.
Rien de tel en France,  une telle démarche a été jugée trop complexe par le HCSP.

Plus grave encore, alors que l’épidémie connaissait une nouvelle recrudescence, au cœur de l’été, ses experts recommandaient le retour de tous les travailleurs vulnérables sur leur lieu de travail « en raison de cette difficulté à identifier les plus fragiles ». Rien de moins que l’inversion du « quoi qu’il en coute » !

En France, au mieux on ne sait pas quelle est la gravité du risque auquel ces personnes sont exposées, au pire le risque est important. Par exemple, dans le cas de la mucoviscidose,  près des 2/3 de cas de Covid-19 confirmés ont dû faire l’objet d’une hospitalisation témoignant ainsi d’un risque nettement plus important que dans la population générale. A minima, le principe de précaution recommandait de ne pas les exposer au risque de la Covid-19.

En cette rentrée 2020, la protection de la santé des plus vulnérables a donc été abandonnée par décret.

En 2 jours, ces personnes qui vivent déjà en temps ordinaire avec la crainte des complications liées à leur maladie, n’ont plus été considérées vulnérables à l’exposition au risque de la Covid-19.

L’État n’étant pas à une contradiction près, les personnes vulnérables ont été plus que jamais encouragées à prendre toutes leurs précautions et  à limiter leurs contacts.  Cette incohérence, au regard du rebond de l’épidémie, a d’ailleurs été relevée par le président du Conseil scientifique, Monsieur Jean-François Delfraissy, lors de son audition devant la commission d’enquête du Sénat.

Rappelons ici que la protection de la santé a une valeur constitutionnelle.

Que doivent donc retenir les travailleurs à risque de ces injonctions paradoxales, alors que les clusters en entreprises se multiplient ? Et comment doivent réagir les associations de patients qui essuient un rejet, par le gouvernement, de leurs propositions pour protéger les travailleur.se.s vulnérables contraint-e-s de retourner au travail ?

Comment se protéger alors que les travailleur.se.s vulnérables ne peuvent plus compter sur la solidarité nationale et que leur employeur a la liberté de leur refuser le télétravail, même si le poste s’y prête ?

Comment se protéger et suivre les recommandations du HCSP dans les transports en commun, alors que la distanciation n’y est pas respectée et qu’aucune alternative n’est offerte aux personnes vulnérables qui se rendent au travail ?

Pour ces citoyen.ne.s présentant un risque de formes graves de Covid-19, il reste le choix entre rester à l’abri avec moins de revenus, voire renoncer à leur emploi, ou prendre le risque de contracter la maladie et de développer une forme grave. Et pour les proches cohabitants il reste l’angoisse de pouvoir transmettre le virus.

Nous refusons que soient abandonné.e.s celles et ceux d’entre nous qui, par la magie d’un décret, passent du statut de personnes vulnérables à celui d’actifs, sommés de reprendre le chemin du travail en présentiel alors que les risques qu’ils encourent sont toujours présents.

Nous refusons que ces personnes souvent jeunes, vulnérables en raison de leur état de santé, soient considérées comme des dommages collatéraux acceptables au motif que le relâchement des précautions favoriserait un rebond économique.

Nous demandons la révision du décret du 29 août 2020, sur la base des données scientifiques disponibles. En l’état, il est indispensable que ces personnes puissent bénéficier d’arrêts dérogatoires avec droit au chômage partiel. Toutes ne souhaiteront pas le faire mais il leur appartient – à elles seules – d’apprécier avec leur médecin le rapport bénéfice risque. Car, en définitive, elles seront les seules à devoir en assumer les conséquences. Nous refusons l’abandon des valeurs de solidarité et de protection des plus fragiles, qui sont des fondements de notre société.

« Quoi qu’il en coûte », vivre avec le virus ne peut pas se faire au prix d’un sacrifice des plus fragiles.

* L’enquête conduite par Renaloo en juin 2020 montre que deux répondants sur trois ne sont pas sortis plus d’une fois par semaine durant le confinement, et 1 sur 5, jamais

Cette tribune a été signée par plus de 50 associations d’usagers de santé et collectifs : 

  • A.S.B.H
  • Actions Traitements
  • ADMD
  • AFA Crohn RCH France
  • AFGS
  • AFH
  • AFM-TELETHON
  • AFVD
  • AFVS
  • AIDES
  • AIRAS
  • Alliance du Coeur
  • Alliance maladies rares
  • AMADYS
  • AMALYSTE
  • ANDAR
  • APF France Handicap
  • ASFC
  • AFPric
  • Association Gregory Lemarchal
  • Autisme France
  • CNAFC
  • Collectif handicaps
  • Conseil Aide & Défense des Usagers de la Santé
  • Epilepsie France
  • Fédération Française Sésame Autisme
  • FFAAIR
  • FFCM
  • FFD
  • FGCP
  • Fibromyalgie France
  • Fibromyalgie SOS
  • FNAPSY
  • FNAR
  • France Alzheimer
  • FRANCE ASSOS SANTE
  • France Parkinson
  • France Rein
  • La FNATH
  • Le Lien
  • Le Planning Familial
  • La Ligue Nationale contre le Cancer
  • La Ligue Nationale contre l’Obésité
  • Les Aguerris
  • RENALOO
  • Réseau Environnement Santé
  • SOS Hépatites
  • Transhépate
  • UAFMLV
  • UFC-Que choisir
  • UNAFAM
  • Union des Familles Laïques
  • UNSED
  • Vaincre la Mucoviscidose

L’HÉPATITE C FAIT L’ACTUALITÉ CE LUNDI 5 OCTOBRE 2020 !

L’hépatite C fait l’actualité ce lundi 5 octobre 2020 !

Le Britannique Michael Houghton et les Américains Harvey Alter et Charles Rice ont été récompensés du prix Nobel de médecine pour « la découverte du virus de l’hépatite C »[1].

Leurs travaux ont permis de développer des molécules révolutionnaires au tournant des années 2010.

En France, ces molécules, qui permettent la guérison de l’hépatite C dans plus de 97% des cas, sont accessibles à tous les patients grâce à notre système solidaire depuis début 2017.

Dans notre pays, selon l’étude Barotest[2] en population générale adulte (18-75 ans) – hors populations spécifiques telles que les jeunes et les personnes en situation de précarité :

  • 135 706 personnes seraient atteintes d’une hépatite B chronique, parmi lesquelles 111 957 l’ignoraient.
  • 133 466 personnes seraient atteintes d’une hépatite C chronique, parmi lesquelles 25 892 l’ignoraient.

En pleine crise COVID, le réseau SOS hépatites rappelle que les hépatites virales B et C nous concernent tous.

Les experts recommandent leur dépistage au moins une fois dans la vie !


Quelle meilleure occasion de s’interroger sur l’hépatite C et, plus généralement, sur les hépatites virales :

Renseignez le quiz SOS hépatites Les hépatites en 7 questions

Contactez-nous : 0 800 004 372

Plus d’informations : Le dépistage – SOS Hépatites


[1] The Nobel Prize, https://www.nobelprize.org/prizes/medicine/2020/summary/

[2] Prévalence des hépatites chroniques C et B et antécédents de dépistage en population générale en 2016 : contribution à une nouvelle stratégie de dépistage, Baromètre de Santé publique France-BaroTest, http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2019/24-25/2019_24-25_1.html#:~:text=L’ARN%20du%20VHC%20a,56%20880%2D312%20616%5D.

L’HÉPATANTE N°44 – SEPTEMBRE 2020

ÉDITO

La rentrée à l’ère du COVID

L’Hépatante de septembre 2020, nous fait voyager dans le temps : entre nos actions présentes ; le futur avec la campagne inédite de vaccination contre la grippe saisonnière, qui sera lancée en octobre ; la vaccination contre les infections à pneumocoque portée par le réseau SOS Hépatites ; une pointe d’actualité scientifique sur « les sans-abris, hépatite C, information et traitement » ; et nos actions réalisées pendant la 1ère période estivale à l’ère du COVID.
Le contexte sanitaire fait qu’il est plus que jamais important de rappeler notre profession de foi : « écouter, informer, aider et soutenir ».
C’est ce que nous faisons quotidiennement pour les Hépatants et pour l’ensemble des usagers du système de santé, notamment à travers notre numéro vert : 0 800 004 372.
La pandémie de COVID ne doit pas nous faire oublier « l’action », « la solidarité », « la défense », « le suivi médical », « le soin » et « la prévention ». Nous avons donc choisi d’inviter dès à présent à la vaccination contre la grippe et les infections à pneumocoque les personnes concernées, sans oublier de façon générale la vérification de l’ensemble des vaccins qui nous concerne toutes et tous.
Le 28 juillet est la Journée mondiale de lutte contre les hépatites virales 2020. Le 28 juillet a été choisi en hommage au jour de naissance du Prix Nobel qui a découvert le virus de l’hépatite B, le Dr Baruch Blumberg.
Pour SOS Hépatites, plein été ou pandémie de COVID, l’action reste une priorité et nous étions auprès de la population générale à Nevers, à Paris ou sur les plages du Der.
Bonne rentrée !

Pascal Mélin, Président de SOS hépatites Fédération 

DE LA COCAÏNE ? AH OUI !

Les jeunes, ils croient toujours avoir tout inventé… Mais voici une histoire vraie survenue lors de laction dépistage à Nevers Plage. Un vieux monsieur de plus de 70 ans passe devant le stand, relax, en petite tenue, serviette sur l’épaule pour aller vers la plage.

Les trodeurs linterpellent :

« Monsieur, un dépistage de l’hépatite C ? En quelques minutes vous avez la réponse.

Le monsieur : oui, pourquoi pas …j’suis pas pressé! »

Il s’assied à la table de prélèvement et le Trodeur commence son recueil de données : âge, département dhabitation, puis les questions traditionnelles sur les prises de risques.

« Avez-vous déjà au cours de votre vie, ne serait-ce quune fois, pris de la drogue en injection ou même en sniff ? Héroïne, cocaïne ? »

Et la réponse du vieux monsieur ne se fait pas attendre :

« Ah oui, de la cocaïne, mais il y a très longtemps, quand j’étais jeune … si ça avait dû me faire du mal, je le saurais depuis longtemps »

Et c’est-là que ça coince bien sûr !

Car une contamination par le virus de l’hépatite C peut passer inaperçue pendant plus de 40 ans ! Le monsieur se prête alors au dépistage non sans montrer quelques signes dinquiétude qui nous font dire quil a compris les messages sur les modes de contamination et le côté sournois de l’infection

Ce vieux monsieur est négatif en sérologie mais positivement informé et invité à parler dépistage autour de lui. Au moment de partir on linvite à prendre de la documentation et on lui propose des préservatifs.

Il nous regarde en souriant et en les prenant il nous dit : « A mon âge, on n’est pas à l’abri d’une belle surprise ! »

Et oui, il y a chez nos seniors à tête blanche, danciens usagers qui devraient se faire dépister de l’hépatite C, car en guérir cest aussi une belle surprise !

Pascal Mélin