LE PARACÉTAMOL, CE N’EST PAS POUR LES CHIENS

En cette période hivernale, les virus grippaux s’en donnent à cœur joie mais ils ne s’attaquent pas toujours à l’espèce humaine, les animaux de compagnie sont régulièrement contaminés. Il est habituel de considérer que tout ce qui est bon pour l’homme est bon aussi pour ces animaux de compagnie. De nombreux propriétaires d’animaux de compagnie tentent de soulager leurs amis à quatre pattes en leur donnant du paracétamol.

Oui mais voilà, le paracétamol est toxique pour les chiens et encore plus pour les chats.

Pour pouvoir assimiler le paracétamol, il faut un équipement enzymatique hépatique particulier. Le chat est dépourvu de cet enzyme et le chien le possède en quantité insuffisante pour métaboliser correctement le paracétamol. Donc le paracétamol ne s’élimine pas dans leur corps, il s’y accumule et devient donc toxique pour le foie. Ceci aboutit à une hépatite médicamenteuse qui parfois prend une forme grave et mortelle. Les premiers signes d’intoxication sont une fatigue et des troubles du comportement, plus on attend et plus les chances de survie diminuent. Malheureusement, l’état de l’animal étant anormal son propriétaire a régulièrement tendance à redonner du paracétamol à son ami à quatre pattes.

À travers cet exemple cela nous rappelle les dangers du paracétamol même pour l’homme.

En effet, un foie au stade de cirrhose se rapproche de plus en plus de celui d’un chat et a beaucoup de mal à éliminer le paracétamol.

Le paracétamol, ce n’est pas pour les chiens.

Pascal Mélin

LE FILM : « LES HÉRITIERS », ALLEZ LE VOIR…

ruban noir 9

Samedi 10 janvier 2015, la semaine n’en finit pas. Pour aller travailler, je traîne des pieds comme d’autres traînent du crayon. Quoi dire, quoi faire, chaque patient de la consultation d’addictologie me parle de Charlie. Il n’y a pas de religion : malades alcooliques, chrétiens, toxicomanes, musulmans, fumeurs et juifs – tous en parlent ! Même les athées et l’éducateur du centre. Un usager en grande précarité me demande pourquoi j’ai un ruban noir sur ma chemise ? Je lui explique le plus simplement du monde que c’est ma façon à moi de revendiquer mon soutien à Charlie. Il me demande où l’on peut en acheter ? Je lui explique que nous les avons confectionnés avec du ruban et des petites épingles à nourrice avec les infirmières de la consultation avant la minute de silence faite à l’hôpital. Il quitte la consultation pour se rendre dans une mercerie pas très loin du centre. À son retour, il est fier d’arborer un ruban noir et se met à en faire d’autres et à les distribuer. Je lui demande alors ce que ça signifie pour lui ?  Il me répond alors : « Moi je suis d’accord avec personne, je suis toxico donc je ne suis pas un bon musulman mais j’essaye de pratiquer. Charlie Hebdo a peut-être exagéré mais on ne devait pas les tuer pour ça. Moi je veux mettre le ruban car j’ai la chance d’être toxicomane en France et d’avoir mon traitement de méthadone. C’est un peu ça que ça veut dire non ? » Je le regardais avec le sourire en lui disant oui : « Bien sûr tu as tout compris. »

AFFICHE FILM LES HERITIERS 2Le soir pour me changer les idées je décidais d’aller au cinéma, mais pour voir quoi ?  Le film : « LES HERITIERS ».

Dès les premières images, je me retrouvais dans la violence de la réalité. Une jeune bachelière voilée revient dans son lycée retirer son diplôme du baccalauréat et refuse de se dévoiler en expliquant qu’elle est maintenant adulte et libre. Le décor est planté. Puis, on apprend que le film est écrit à partir d’une histoire vraie. Dans la banlieue de Paris, le lycée Léon Blum accueille des lycéens d’origines multiples et de confessions différentes. Apparait alors une prof d’histoire géo qui tente de leur apprendre l’histoire et la citoyenneté avec beaucoup de difficulté car c’est la pire classe du lycée. Puis elle propose aux élèves de participer au concours national sur la résistance et la déportation. Les élèves acceptent progressivement et apprennent à travailler ensemble en découvrant l’horreur de la guerre. Ils vont alors découvrir des valeurs de tolérance, de vivre ensemble et vont finir par gagner ce concours national.

Ce film m’a rappelé que pour bon nombre d’enfants, l’école républicaine est une chance à condition de rencontrer des enseignants non démissionnaires.

Oui, je crois à l’intégration par l’école, oui je crois au vivre ensemble, oui il faut avoir envie de rencontrer la différence et l’étranger pour progresser et évoluer.

Aller voir ce film, pour regarder le moment présent différemment.

Pascal Mélin

NO LIMIT, QUAND LE FOIE FAIT DE L’AUDIMAT

blog no limitLe jeudi, TF1 vous propose sa troisième saison de : « No Limit », série écrite par Luc Besson. Jusque-là rien d’exceptionnel, allez-vous me dire ?

Mais il semble bien que pour faire de l’audimat, il faut y mettre du foie comme dans Les Experts à Miami, Docteur House ou bien encore le film Ma sorcière bien aimée.

Ainsi, à la fin de la saison 2 notre trop bel agent secret Vincent s’expose au gaz sarin pour éviter un attentat et bien sûr, il survit et on lui apprend que son foie est gravement touché et nécessite une greffe en urgence. On lui annonce alors que sa femme et sa fille ne sont pas compatibles mais que seul son père pourrait lui donner une partie de son foie. Mais problème, le père de Vincent est dans une prison à Bogota et Vincent a coupé les ponts depuis plusieurs années.

Arrêtons-nous sur cette saison 2. Les hépatites sévères au gaz sarin,  il n’y a pas des tonnes de publications scientifiques mais bon, acceptons. Pour la greffe, là il y a à dire « gravement touché » pas très hépatologique ça, mais cela ne veut pas dire grand-chose, je suppose que c’est pire que F2 sévère ! Pour information les conditions de greffe sont uniquement d’avoir le même groupe et le même rhésus et pour nous, en France à ce jour, les patients sont sur liste d’attente et parfois en priorité nationale. La greffe intra familiale n’est utilisée que comme la solution de la dernière chance. SOS Hépatites défend le développement de la greffe intra familiale mais il ne faut pas dire n’importe quoi sur la compatibilité, on greffe plus facilement un foie qu’un rein.

La saison trois débute donc dans ce contexte, Vincent a un foie gravement touché nécessitant une greffe en urgence pour laquelle il part à la recherche de son père à travers le monde. Car bien sûr, quand vous êtes en attente d’une greffe vous vous baladez sans soucis. Plus fou encore, on le découvre courant après une voiture pendant plus de 3 minutes sans soucis. Puis épuisé (il a le droit) on le voit vomir une pâle imitation de sang qui laisse supposer qu’il est en train de rompre ses varices œsophagiennes, à moins que ce ne soit un ulcère de stress ? Mais rassurez-vous, cela passe rapidement et il peut de nouveau courir. Vous noterez aussi qu’il prend des pleines poignées de comprimés pour tenir le coup, n’est-ce pas une apologie de l’auto-médication  en cas d’atteinte hépatique sévère voire d’une toxicomanie ?

Enfin, il retrouve son père qui heureusement, comme il était emprisonné, n’a pas consommé d’alcool, donc son foie est en pleine forme et compatible avec la greffe. Il suffit de parler avec quelqu’un qui a séjourné dans une prison pour savoir que l’alcool  circule même en prison.  Tout fini bien, nous voyons père et fils rentrer au bloc sans examen préalable pour se don d’organe intra familial.

Vous je ne sais pas, mais moi ça m’a énervé, heureusement il me reste le transporteur… Quoiqu’il n’y ait pas très longtemps dans un épisode il transportait un cœur pour une greffe ! Décidément greffe et foie, c’est bon pour l’audimat.

C’est décidé : je vais aller acheter toutes les saisons de Dallas, La croisière s’amuse et Fifi Brindacier. Comment, vous ne connaissez pas, serai-je vieux ?

Pascal Mélin

L ‘HÉPATITE C EN 3D…

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Ne courez pas chercher vos lunettes 3D  pour voir en trois dimensions le virus de l’hépatite C sur une nouvelle application pour votre téléphone de dernière génération. C’est l’autorisation européenne qui vient d’être attribuée ce 16 janvier au laboratoire AbbVie  pour le Viekirax (ombitasvir/paritaprevir/rotonavir) et Exviera (dasabuvir). Ce sont des nouvelles molécules actives  sur les virus de génotype 1 pour les patients infectés, même au stade de cirrhose  ou avec une coïnfection VIH.

Cette nouvelle  combinaison thérapeutique associe trois antiviraux d’action directe. Ce qui en terme de communication fait parler  de la combinaison 3D d’AbbVie.

Depuis plus d’un an, à travers les études PEARL II puis III et IV, cette combinaison a montré son efficacité chez les patients infectés par un génotype 1, avec ou sans ribavirine. Cette combinaison semblerait être efficace dans plus de 90% des cas en simplement 12 semaines de traitement. Nous ne pouvons que nous satisfaire de l’arrivée sur le marché de cette  nouvelle combinaison thérapeutique, nous attendrons bien sûr d’en connaitre le prix  pour que la concurrence puisse jouer son rôle.  Mais nous attendrons encore plus les données sur la tolérance de ce nouveau traitement dans la vraie vie.

Mais surtout nous commençons à entendre le désarroi de nombreux patients qui pensaient avoir trouvé  avec le sofosbuvir et le daklatasvir les traitements pour éliminer leur hépatite C. Dans plusieurs situations,  après avoir cru  à la guérison, le virus est réapparu,  les faisant passer du statut de répondeur virologique à celui de « rechuteur ». Aujourd’hui, l’arrivée du traitement 3D d’AbbVie est nouveau une note d’espoir pour les hépatants. Le Viekirax : on est pressé de son entrée  dans le dictionnaire,  quelle reconnaissance pour les 60 ans du scrabble. Ça va faire des points, une trithérapie sur mot compte triple, non ?

Pascal Mélin

Nahass E et al. Safety of ABT-450/r/ombitasvir + dasabuvir with or without ribavirin in HCV genotype 1-infected patients, by baseline demographics. ID Week 2014, Philadelphia, 8-10 October 2014, abstract 818.

SOS HÉPATITES : NOUS SOMMES DES SOUFFLEURS

Les souffleurs, ça vous rappelle quelque chose ? Souvenez-vous au théâtre, le souffleur qui est-il ? Il se situe sur le devant de la scène caché du public. Il suit scrupuleusement la pièce de théâtre et au moindre signe de défaillance d’un acteur, il est là pour lui souffler sa réplique. De plus en plus, les souffleurs disparaissent et sont remplacés par des prompteurs non visibles de la salle ou bien des oreillettes, avec à l’autre bout des assistant prêts à rappeler le texte.

Mais j’aime la métaphore du souffleur car à SOS hépatites nous sommes des souffleurs. Le malade est l’acteur de théâtre, il est sur la scène, il connait son rôle, il l’a appris mais il joue avec des acteurs multiples qui l’impressionnent, il lui est difficile de donner la réplique. Alors nous sommes là pour souffler. Nous ne voulons pas le déposséder de son rôle car la pièce qu’il joue est celle de sa vie. Nous souhaitons être des souffleurs hépatants et discrets, en soufflant les répliques, les questions à poser. Ces souffleurs se sont tous les bénévoles et militant de SOS hépatites qui dans leur permanence physique ou téléphonique, ou les groupes de parole sont à votre disposition.

Mais en ce début d’année, je voudrais présenter  la nouvelle équipe de permanents au siège de SOS hépatites.

BLOG YANN  BLOG DOMINO         BLOG SELLYBLOG MARC

Notre principale souffleuse, c’est Véronique DERET qui assure la permanence téléphonique.

BLOG VERO     

N VERT

 

SOS hépatites Fédération a dû quitter ses locaux près du Père Lachaise pour se retrouver maintenant :
Tour Gallieni – 36, avenue du Général de Gaulle, 93170 Bagnolet / T. 01 43 67 26 40 – F. 09 80 90 55 19

Voilà toute notre équipe de souffleurs professionnels. Mais ils ont aussi un autre rôle souffler pour attiser la flamme et propager l’incendie des connaissances qu’on ne saurait arrêter.

Bien sûr souffler n’est pas jouer mais nous voulons rester à vos côtés.

Pascal Mélin

PRIORITÉ SANTÉ : LES HÉPATITES PAR CLAIRE HEDON

RFI

 

 

 

Pour écouter l’émission cliquez sur le lien: http://www.rfi.fr/emission/20150114-hepatites/ 

A l’occasion du 8ème Congrès sur les Hépatites virales qui s’est déroulé, les 12 et 13 janvier 2015, au Palais des Congrès à Paris, nous faisons le point sur les dernières avancées dans le traitement des hépatites B et C.

Ces maladies restent longtemps silencieuses, avec peu de symptômes au début, mais favorisent à terme les cancers du foie.

Comment mieux prendre en charge les patients ?

Quels sont les derniers traitements ?

Comment rendre disponibles les nouveaux médicaments dans les pays à faible revenu ?

  • Pr Patrick Marcellin, chef du Service d’Hépatologie de l’Hôpital Beaujon à Clichy qui préside la Fédération nationale des Pôles de référence et Réseaux Hépatites (FPRH)
  • Yann Mazens, directeur de SOS hépatites Fédération
  • Pr Oudou Njoya, hépato-gastroentérologue, assure la consultation sur les hépatites au CHU de Yaoundé, responsable du Laboratoire de Recherche sur les Hépatites virales et la Communication en Santé (LRHCS) à la Faculté de Médecine de l’Université de Yaoundé 1 au Cameroun. Auteur de «Hépatite virales en Mots Simples», aux éditions L’ Harmattan.

QUAND LA PUISSANCE DEVIENT IMPUISSANTE…OU LE DIFFICILE PARCOURS DES MALADES.

p2Pour télécharger la présentation format PDF de P. Mélin cliquez : PHC pmélin 12 janv 2015

 

conf 2Chaque année à Paris, se tient début janvier le PHC, Conférence Hépatites de Paris. Organisée pendant deux jours sous la direction du professeur Marcellin et de toute l’équipe de Beaujon, cette réunion  se déroulait au Palais des Congrès de Paris les 12 et 13 janvier et rassemblait 1300 personnes et 80 pays. SOS hépatites était invitée à s’exprimer lors de la conférence de presse.

Voici les grandes lignes de notre intervention.

Un jour, des médecins ont osé imaginer un monde sans la variole, on les a pris pour des  fous mais depuis 1977 on sait qu’ils avaient raison. Nous aussi, en 2015, avons les armes pour rêver d’un monde sans hépatite B ni C. L’aventure d’un malade infecté commence par le dépistage. Accepter un test qui risque de faire basculer votre vie qui, s’il est positif, marquera un tournant. L’obligation de réfléchir à une nouvelle identité, celle d’un malade, et qui posera beaucoup de questions. Comment me suis-je contaminé ? A qui le dire ? Vais-je mourir ? Beaucoup de souffrances et de remises en question mais, qui sont souvent la première étape de l’accès aux soins et potentiellement à la guérison. Ce n’est pas pour autant que le sujet a perdu la santé ! Car la santé ne saurait se résumer à l’état du corps. En éducation thérapeutique, on sait qu’il y a la santé physique, la santé psychique, la santé sociale, la santé affective et la santé sexuelle. Chacune des branches de cette étoile de la santé doit être exploré et noté.

Apres le dépistage, il faut trouver le spécialiste qui est le plus souvent éloigné du domicile. Lors d’une enquête téléphonique réalisée en mai 2014, SOS hépatites a appelé CHU, CHG, spécialistes libéraux et cliniques. Malgré plusieurs essais, dans 20% des cas il n’y avait pas de réponse et en cas de réponse, bien qu’ayant signalé une probable cirrhose, le sujet se voyait proposer un rendez-vous dans environ 40 jours avec des variations de 4 à 219 jours. Est-ce acceptable ? Qu’elle est la bonne réponse ? Pour le médecin, il n y a jamais d’urgence  face à une hépatite C. Mais pour le malade dont la vie vient de basculer ? Quel est le délai acceptable ? Les lieux de prise en charge sont insuffisants pour faire face.

Lorsque les traitements permettaient difficilement de guérir un malade sur 2 avec une association interféron pégylé/ribavirine, 8 à 12 000 patients étaient traités par an sans aucune aide ni contrôle. Aujourd’hui en 2015, alors que l’on peut guérir neuf patients sur dix, on s’engage à traiter 14 000 patients par an en obligeant le prescripteur à faire contrôler leur dossier par un centre de référence. Pourquoi ? Pour limiter l’accès aux traitements ? Pour restreindre le prescripteur ou pour contrôler les dépenses de santé d’un traitement trop onéreux ?

A 50 000 € les 3 mois de traitement, qui pourra accéder à ce traitement en or ?

Pourra-t-on encore traiter les femmes jeunes (même en cas d’hépatite minime) pour leur éviter 3% de risque de contaminer leur enfant. Pourra-t-on traiter les prisonniers, les usagers de drogue, les enfants ou les personnes âgées? On nous demande d’être raisonnables et patients en nous expliquant que les choses se feront progressivement. On traite déjà les patients cirrhotiques et on verra dans les années à venir. Mais soyez rassuré, les traitements sont très efficaces. Imaginez, suite à un incendie, dire : « on ne prend en charge que les grand brulés, les autres ça peut attendre ».

Mais stop on a un virus dans le foie et pas forcément envie de vivre avec, surtout si des traitements existent pour s’en débarrasser.

Et après le traitement, comment est-il possible de guérir d’une maladie chronique? C’est une nouveauté dans l’histoire de la médecine. Assurément, il y aura deux types de malade. Les anciens, les gueules cassées qui se savent malades depuis plusieurs années et qui ont déjà gouté aux joies de l’interféron sans succès. Ceux-là seront surpris de la puissance et de la bonne tolérance. Mais qui les aidera après, en cas de guérison, à se reconstruire, à évacuer les traces, à gérer leur syndrome de Lazare? Et puis, il y aura les nouveaux qui, avant même d’avoir compris ce qu’était leur maladie seront évalués et traités puis, naturellement guéris. La prise de conscience sera alors celle d’une maladie aigue. Ce type de patient nécessitera une approche forcément différente et une prise de conscience et une appropriation de sa pathologie. Les équipes pluridisciplinaires médico-psycho- sociales et les équipes d’éducation doivent être maintenues, la facilité du traitement n’est qu’une apparence.

 

Que dire de l’hépatite B ? Nous avons depuis plus de 20 ans un vaccin, nous avons des traitements efficaces et le dépistage est en panne tant en France, qu’à l’échelon mondial. Un vaccin et un traitement efficace, le VIH et l’hépatite C nous envient cet arsenal, mais qu’en faisons-nous ? Il faut une vaccination obligatoire et universelle  pour le bien-être de tous et poursuivre de grandes campagnes de dépistage en utilisant des moyens simples et diffusables comme les TROD ou les buvards. Notre retard est inacceptable

L’OMS a reconnu 5 grandes épidémies planétaires : le SIDA, le paludisme, la tuberculose et depuis peu les hépatites B et C. A ce jour en 2015 on peut contrôler ces deux épidémies et les faire disparaitre. C’est maintenant et non demain que nous devons trouver les budgets et mettre en place les politiques sanitaires adaptées.  Il y a non-assistance envers tous ceux qui sont infectés et ne le savent pas ou bien tous ceux qui vont se contaminer.

Il nous faut faire évoluer la législation, rendre le vaccin obligatoire, généraliser et faciliter le dépistage en le proposant au moins une fois dans sa vie et en le proposant systématiquement aux femmes en cours de grossesse. Aujourd’hui, il faut abandonner le concept de groupe à risque. Les informations ont été répétées pendant 20 ans, les patients qui s’étaient reconnus comme ayant eu des pratiques à risque ou appartenant à un groupe à risque se savent infectés. En 2015, il faut s’adresser à ceux qui ne se savent pas malades, bref à monsieur tout le monde. Ne stigmatisons plus les précaires, les usagers de drogue, nous vivons la même révolution que le VIH qui était réputé initialement atteindre que les 4 H : Haïtiens, Héroïnomanes, Homosexuels et Hémophiles. Puis le cinquième H est arrivé monsieur et madame tout le monde les Hétéros… nous voici à ce virage pour les hépatites virales et plus largement pour les maladies du foie.

Acceptons les différences, faisons confiance aux associations de patients et aux malades eux-mêmes. Ne nous cachons pas derrière des problèmes financiers que nos politiques doivent régler. Continuons à dépister et à soigner, au plus près de son domicile, par des équipes et des médecins formés aux prises en charge pluridisciplinaires. Le rapport Dhumeaux sur la prise en charge des hépatites B et C qui vient de sortir est déjà dépassé et c’est merveilleux !

Mais nous devons, médecins, malades, politiques et industriels pharmaceutiques travailler ensemble pour faire disparaitre maintenant deux des 5 grandes épidémies infectieuses de notre siècle car aujourd’hui, c’est  possible !

Pour nos enfants, les hépatites virales doivent rejoindre la variole au pays des souvenirs et des maladies contrôlées, mais c’est maintenant qu’il faut agir. Ne soyons pas impuissants avec la puissance dans nos mains, les générations futures nous le reprocheraient.

Pascal Mélin

J’AI PAS LES FOIES…

« Même pas peur… » Cette phrase a été scandée partout hier. Au détour d’une rue j’entends derrière moi : « Il faut pas avoir les foies… »

Comment ne pas imaginer que ce cri m’était destiné, je cherchais du regard, celui qui avait lancé ce cri de ralliement.

Mais que voulait-il dire ? Je suis athée je n’ai pas les fois ? Ou bien ce cri avait-il une connotation hépatologique ? Je devais trouver la réponse.

Ma première surprise se trouve dans le dictionnaire : « avoir les foies », rien à voir avec la religion, il s’agit bien d’une expression hépatologique mais d’où vient-elle ?

Jusqu’en 1872, l’expression était avoir les foies blancs, mais pourquoi un foie blanc devrait il évoquer la peur ? Pour les premiers anatomistes le foie était rouge et on a longtemps cru que c’est lui qui fabriquait le sang, de la même couleur, symbole de force et de courage. Et par extension un foie blanc était donc privé de son sang et devenait le symbole de la lâcheté et de la peur. Dans l’imaginaire collectif, il n’en fallait pas plus pour  jeter à la tête  des effrayés ou des traitres « tu as les foies blancs », expression qui est devenue « avoir les foies ».

Brutalement, ma piètre orthographe me faisait douter. Que voulait dire « mauvaise foi », fallait-il entendre une allusion cirrhotique ?  Je reprenais les recherches. Foi vient du latin fides qui signifie : confiance, loyauté, promesse. La mauvaise foi a donc bien à voir avec la religion. J’étais donc de bonne foi, ouf ! Tiens c’est drôle moi j’aurai bien mis un E, on ne pourrait pas dire je suis de bonne foie ?

Je n’ai pas les foies, merci Charlie.

Pascal Mélin

C’ CHARLIE

LES SINGES

Je m’appelle Charlie mais mon prénom c’est Mohamed.

SOS HEPATITES s’est construite dans le respect de tous sans aucune ségrégation. Dans nos textes fondateurs on peut retrouver : « solidarité, information, défense et accompagnement de toutes les personnes malades du foie quelle qu’en soit la cause, le virus ou le mode de contamination ». Peut-être, aurions-nous dû ajouter quelle que soit sa confession religieuse.

Tous les hommes ont commencé de dessiner, avant de marcher ou de parler seul, et ce qui nous reste des plus vieux hommes se sont des dessins et non des écrits. Être humain, c’est dessiner, écrire, parler, aimer, tolérer. Par contre, être animal c’est avoir peur, se battre, agresser, survivre, fuir. Je refuse d’être un animal, le droit à l’autodérision est régulièrement utilisé à SOS Hépatites, nous nous sommes même moqué des papes lors de leur canonisation ou pour évoquer leur pathologie hépatique. SOS hépatites n’est pas Charlie Hebdo mais si l’on ose parler et revendiquer des choses c’est parce que nous croyons en démocratie sanitaire et que nous vivons dans un pays où Charlie Hebdo peut exister. Quand nous essayons d’informer ou d’écouter nous  restons fidèles au journaliste et écrivain français Albert Londres :

 « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »

Pour que SOS hépatites continue d’exister il nous faut des Charlies.

Pascal Mélin

TRISTES JOURS

Je devrais en tant que président vous présenter mes voeux, j’ai du mal à écrire, j’ai du mal à penser.

J’ai fait des émissions à Radio Libertaire avec Charb, une journée antimilitariste sur la place de la République un 11 novembre 1990 en pleine 1ere guerre du Golf.

J’ai fait en 1974 les rencontres « vivre avec l’enfant » expériences des écoles et crèches parralèlles  dans le Jura, chez moi avec Cavanna, Reiser, Fournier, Cabu, Wolinski, etc.

Je me souviens d’une soirée dans la forêt autours du feu avec Cabu qui chantait tout Charles Trenet accompagné à la guitare par Pierre Barouh.

Nous sommes « pour » défendre tous les malades quel que soit leur virus et leurs modes de contamination. Ça veut dire que nous sommes laïques, que nous sommes contre la discrimination, que nous n’avons pas peur de l’étranger, de ce que nous ne connaissons pas, que nous voulons comprendre et surtout ne rien subir. Une association de malades qui serait exclusive ne serait rien.

Nous sommes humanistes, nous accueillons tout le monde et nous sommes des activistes à la pointe de ce combat avec nos maigres moyens. Les gens qui sont morts étaient, je le sais, dans la même démarche dans l’information en se fendant  la gueule. Je voudrais que l’on continue à se fendre la gueule contre la maladie et les virus comme le fait si bien Pascal dans son blog, je veux continuer à dire que « j’encule le virus » car même si ça choque, ça fait du bien. Je veux continuer à hurler contre les injustices dans la santé et dans la vie.  Aidez moi, je suis mal, vous êtes ma tribu, ma famille. Partageons ce drame en affirmant que rien ne nous arrêtera dans notre action.

Nous sommes tous des Charlie’s.

Je vous aime

Michel Bonjour

L’HÉPATITE C À MIAMI…

blogm8Ce n’est pas la suite en télé-réalité des ch’tis à Miami, mais bien le sujet d’un épisode des « Experts à Miami ». Dans l’épisode 7 de la saison 8 intitulé « Les disparues de Miami » le tueur y est confondu grâce au virus de l’hépatite C.
Histoire : plusieurs jeunes femmes ont disparu et seuls des morceaux de corps démembrés ont été retrouvé, et même si le célèbre détective Horatio suspecte un méchant d’être le criminel il ne peut le confondre. Jusqu’à ce que les parents d’une victime disparue donnent l’information que leur fille avait contracté le virus de l’hépatite C lors d’un voyage en Egypte (aucune information sur l’éventuel mode de contamination). Par contre, on sait qu’il s’agit d’un virus typique du Moyen-Orient, serait-ce un génotype 4 ? L’histoire ne le dit pas.
Par contre, Horatio a l’idée de faire un bilan sanguin au méchant et découvre ainsi que c’est bien lui qui a découpé la jeune fille au hachoir et qu’il s’est blessé et a ainsi contracté l’hépatite C. Les dernières images le montrent menotté en route pour la prison.
Cette histoire pour le moins tordue m’amène quelque réflexion.
Premièrement, je ne suis pas certain qu’avec une telle histoire on facilite l’intégration, la reconnaissance et la tolérance des malades porteurs d’hépatite C.
Deuxièmement, dans le cadre de la politique de réduction des risques (que je défends) on ne répètera jamais assez qu’avant de désarticuler une victime au hachoir, et dans la mesure ou vous ne connaissez pas son statut virologique, il vaut mieux découper son cadavre avec des gants.
Troisièmement, à aucun moment dans la série il n’est évoqué qu’aujourd’hui on peut guérir de l’hépatite C. C’est dommage car c’est une information importante.
Quatrièmement, pour pouvoir faire la preuve d’un lien de contamination entre deux individus il ne suffit pas que les virus soient de génotypes similaires. Il faut également que le séquençage du génome des deux souches virales soit identique.
Enfin, j’espère qu’aux USA les traitements sont accessibles en prison et qu’on y accepte de traiter les hépatites C aigües avec les nouvelles combinaisons thérapeutiques.
Cet épisode n’aidera pas les malades à parler plus facilement de leur maladie mais visiblement cela excitait l’imagination des scénaristes. Dommage qu’ils ne soient pas mieux renseignés.

Pascal Mélin

L’ÉTOILE DES ROIS MAGES À SUIVRE…

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En cette période d’épiphanie, il faut se souvenir que les rois mages pour aller à la rencontre d’un nouveau-né qui devait être un prophète ont suivi une étoile.

La santé a été définie par l’organisation mondiale de la santé comme un bien être psychologique, physique et social. En éducation thérapeutique il est habituel de comparer la santé a une étoile a cinq branches.

Il y aurait ainsi :

la santé physique qui bien sûr comprend l’état du corps mais aussi l’alimentation ,les douleurs, la fatigue, les problèmes d’addiction, les prises de médicaments etc.

la santé psychologique : l’humeur, le moral, le sommeil, la solitude ou l’isolement, la vision positive ou négative du monde, la mémoire, les souvenirs…

la santé sociale, le logement, le travail, couverture sociale, mutuelle, titre de séjour, rapport avec la justice, bilan financier et endettement, assurance, participation associative …

la santé affective comprend bien sur les rapports familiaux mais surtout frère et sœur, enfant, parent, mais aussi les amis !

Pour qui suis-je important qui s’inquiète de mon état ?

Enfin

la santé sexuelle : ai-je un ou des partenaires ? Fréquence des rapports sexuels et avec quelle satisfaction ? Quelle libido ? Qualité des érections, protection, contraception ?

Comme vous pouvez le voir la santé est une étoile à 5 branches : physique, psychologique, sociale, affective et sexuelle. Alors en ce début d’année faite le point sur chacune de vos branches et noter la de 0 à10 et surtout quand vous présenterez vos vœux 2015 à votre grand-mère en lui souhaitant « surtout une bonne santé » ! Pensez à moi et à ces cinq branches quelque soit l’âge de votre grand-mère, car il faut rester en bonne santé le plus longtemps possible

Vous aussi suivez votre bonne étoile et en matière de santé restez branché.

Pascal Mélin