SÉRIES ET VIRUS : AVEC SCORPION ÇA CONTINUE…

Vous avez vu Scorpion, la nouvelle série de la chaine M6 ? À nouveau on injecte du virus car c’est ça qui est vendeur aujourd’hui…

Le deuxième épisode de la saison 1 s’intitule Antivirus. Mais le sujet est pour le moins tiré par les cheveux car il amène la confusion entre virus informatique et virus infectieux… Cela peut sembler particulier mais lors d’un forum de SOS hépatites, il y a deux ans, nous avions fait débattre un spécialiste de la lutte antivirale informatique avec un médecin responsable de lutte antivirale. Outre la proximité de vocabulaire nous avions compris que les concepts étaient proches entre le milieu informatique et la lutte infectieuse.

Dans la série Scorpion, le méchant contamine la fille du gouverneur avec, bien sûr, un virus inconnu qui s’en prend au foie et aux poumons, tuant ses victimes en quelques jours. Comble du raffinement virologique, il contamine également les ordinateurs de ses victimes.

Mais ne vous inquiétez pas, les gentils arrivent à débusquer le méchant, trouver les différents virus & à les neutraliser. À tous les scénaristes qui sont en train d’écrire le scénario des séries de l’année prochaine : contactez SOS Hépatites, nous débordons d’idées à base de virus est c’est pour le moins très tendance.

Scorpion – encore une série pour laquelle on en pince pas !

Pascal Mélin

HÉPATITE C : IL FAUT RESISTER AUX RÉSISTANCES…

cible rouge 2Les nouveaux traitements de l’hépatite C par des Antiviraux d’Action Directe (AAD) permettent de plus en plus souvent de guérir les porteurs de virus de l’hépatite C. Pourtant les rares personnes qui ne peuvent guérir ont acquis le plus souvent des virus résistants. La prochaine étape dans la lutte contre l’hépatite C est probablement l’analyse et la compréhension des mécanismes d’acquisition des résistances par les virus.

C’est ce sujet avant-gardiste qu’a choisi d’étudier l’équipe du Pr Thomas Baumert de l’Unité Strasbourgeoise U1110 de l’INSERM.

Quand une cellule du foie est infectée par le VHC, elle libère de nouvelles particules virales pour contaminer de nouvelles cellules hépatiques : deux voies sont alors possibles.

La plus classique, c’est la libération dans la circulation générale où les virus sont alors exposés aux anticorps neutralisants et aux médicaments présents dans le sang. Le deuxième mode de transmission des virus est la transmission directe de cellule à cellule. L’équipe strasbourgeoise a montré que lorsque des virus sont résistants, c’est la voie de transmission directe de cellule à cellule qui est favorisée car elle permet aux virus d’échapper aux anticorps et aux AAD.

Heureusement, l’équipe du Pr Thomas Baumert a déjà envisagé une parade. Sur chaque cellule, il existe des récepteurs d’entrée ou se fixe le virus pour pénétrer une nouvelle cellule. En effet, une nouvelle classe thérapeutique est en développement les HTEI (pour Host Targeting Entry Inhibitor : inhibiteur d’entrée des récepteurs cellulaires). Il suffirait d’imaginer une combinaison de HTEI & d’AAD (Antiviral d’Action Directe) pour bloquer les deux modes de transmission des virus et donc, de se protéger des résistances.

Comprendre les résistances c’est se rapprocher encore plus des 100% de guérison. Voilà des idées auxquelles on ne peut être que sensible.

Pascal Mélin

Pour en savoir plus :
Chung RT, Baumert TF (2014) Curing chronic hepatitis C – the arc of a medical triumph. N Engl J Med 370(17):1576-8. doi: 10.1056/NEJMp1400986.
http://www.inserm.fr/actualites/rubriques/actualites-recherche/hepatite-c-lutter-contre-le-virus-et-ses-resistances#

LE PARCOURS D’UNE RÉSILIENCE…

merci papa« MERCI PAPA », un livre de Soad Bogdary publié en octobre 2014 aux Editions du Cherche Midi, dans la collection Documents pour 16,50€.

Le 14 juillet 1979, un parricide éclabousse la Ville de Mantes-la-Jolie. Avec l’aide de sa mère, Farid, l’un des 12 frères et sœurs de l’auteur a poignardé le pécore, car c’est ainsi qu’elle surnomme son père. Ce père était violent, maltraitant, odieux avec sa femme et ses enfants, leurs infligeant tortures et châtiments corporels.

Ce livre est une histoire de vie exceptionnelle, mais il est intéressant à plusieurs titres.

Du côté addictologique, il retrace bien l’expérimentation progressive des produits pour passer de l’usage à la dépendance, mais surtout il nous rappelle que l’usage des produits varie avec le temps et en fonction de la psyché de la personne.

Ainsi, Soad Bogdary relate avoir traversé certains passages de sa vie avec de la drogue & d’autres non. Pour ceux qui n’ont pas connaissance du milieu, cela reflète bien des allers-retours spontanés dans le produit et ses mouvances d’effets. Et que les personnes soient incarcérées ou en liberté.

C’est le formidable récit d’une résilience. Cette résilience si chère à Boris Cyrulnick. En effet, Soad a transformé les traumatismes qu’elle a vécus en une formidable source d’énergie et de détermination. Elle comprend même qu’elle doit cela au pécore à qui elle dit « Merci papa ».

Enfin, dans les dernières pages du livre, menant un combat contre le cancer, elle déclare : « Cela fait six ans que je n’en ai plus que pour 4 mois. »

À lire. Un livre formidable qu’il faut mettre dans sa bibliothèque hépatante !

Pascal Mélin

HÉPATITE B, MIEUX COMPRENDRE LES CONTAMINATIONS

blog paradoxe HBVous êtes de plus en plus nombreux à vous intéresser à l’hépatite B et à nous poser des questions. Les plus curieux nous posent souvent la question suivante : pourquoi si un enfant se contamine de l’hépatite B à la naissance, il passera à la chronicité dans 90% des cas alors qu’à l’âge adulte, ce chiffre n’atteint pas 10% ? À quel âge se fait le changement ?

C’est le paradoxe de l’hépatite B.

Lors de l’accouchement, si le bébé se contamine en naissant d’une mère porteuse du virus, le risque de passage à la chronicité est de 90%  alors qu’en cas de contamination à l’âge adulte, il est de moins de 10% (si vous n’êtes pas vacciné). Pour répondre à cette question, reprenons un texte déjà publié sur le blog en janvier 2013.

Il faut reprendre des travaux publiés en 1993, vous noterez au passage que de tels travaux ne seraient plus éthiques car on ne peut imaginer suivre des enfants nés de mère atteinte d’hépatite B sans les vacciner. Cette équipe a repris tous les cas d’hépatite B aigüe pédiatrique pris en charge et a suivi les enfants en fonction de l’âge au moment de leur contamination. Ils confirment alors que le taux de passage à la chronicité à la naissance est bien de 90% puis de 80 à 6 mois pour atteindre les 50% avant l’âge de 1 an et passé 5 ans, les résultats sont identiques aux chiffres retrouvés chez les adultes  avec 5 à 10% de passage à la chronicité. On peut retenir plusieurs leçons d’une telle étude, premièrement à la naissance le système immunitaire n’est pas opérationnel pour lutter contre une hépatite B, et celui-ci mettra plusieurs années à devenir mature, il est donc préférable de vacciner les nourrissons et c’est là sans doute,  la deuxième leçon à retenir.

DOIGT 3En 2015, avec les moyens de prévention il est inadmissible de laisser sur la planète une femme accouchée sans la dépister au moins par un TROD VHB et il est alors criminel de ne rien faire pour l’enfant en le laissant entré 9 fois sur 10 dans une maladie chronique.

Pascal Mélin

CSAPA ET PRISE EN COMPTE DES HÉPATITES VIRALES…

 

Nouvelles données épidémiologiques au sujet des hépatites virales dans les CSAPA en 2015.

Nous dénoncions l’absence de données épidémiologiques récentes  et cela a été repris et noté dans le rapport d’experts Dhumeaux, alors félicitons nous maintenant.

Depuis plusieurs années l’équipe bordelaise menée par le Pr Deledinghen et le Dr Faucher coordonne l’observatoire « CSAPA SCAN »  et lors du dernier congrès des Journées Francophones  Hépato-gastroentérologie et d’Oncologie Digestive (JFHOD) qui s’est tenu à paris du 19 au 22 mars 2015 ils ont présenté les résultats de deux travaux (abstract 403 et 406).

FIBROSCAN 2La première communication portait sur la période  de janvier 2012 à mars 2013 et concernait plusieurs CSAPA ayant à leur disposition un fibroscan. Ce qui permettait de débuter la prise en charge de nouveaux patients par un fibroscan. 860 usagers ont été inclus (dont 663 hommes)  62 % avaient un traitement de substitution, 447 avaient des antécédent d’usage de drogue par voie intraveineuse, SDF 16%, antécédent d’incarcération 43%. Le fibroscan permettait un dépistage de la fibrose et facilitait l’acceptation des dépistages sérologiques même si la majorité avait un fibroscan dans les valeurs normales, 16,4 % avaient une fibrose significative avec des chiffres supérieurs à 7,6 kPa et 4,8% une cirrhose avec des mesures supérieures à 13 kPa. La prévalence de l’hépatite C était de 34 %, le VHB de 1 ,2% et le VIH de 2 %.

La leçon que nous retiendrons est que 20% soit 1 patient sur 5 a une fibrose significative lors d’une nouvelle prise en charge dans un CSAPA. De plus, le taux de contamination des usagers serait en baisse et évalué à 34% contre les 70 % que les études épidémiologiques vieilles de dix ans donnaient. Le VIH et le VHB semblent sous contrôle bien que l’on puisse regretter l’absence de donnée sur la vaccination.

Il faut noter, dans cet observatoire, que dans 94% des cas cela a pu aboutir à une consultation médicale spécialisée.

La deuxième  communication concernait la période de 2005 à 2013 et concernait 971 patients de CSAPA dépistés de l’hépatite C. La sérologie n’était retrouvée positive que chez 172 usagers soit 17% dont 120 étaient virémiques. Pour 50 patients le traitement a été instauré et suivi au CSAPA même. La guérison virologique a pu être obtenue dans 69 % des cas et il y a eu 7 non répondeurs (dont 2 par arrêt sur décompensation psychiatrique), 4 rechutes et une re contamination confirmée. Les auteurs concluent à la faisabilité des traitements dans le CSAPA  mais appellent à une plus grande vigilance sur les co morbidités hépatiques (NASH, alcool, cirrhose) car il n y a pas que les virus et il faut travailler à la non recontamination.

Ces deux travaux multicentriques confirment des données déjà remarquées par d’autres équipes. Mais on peut souligner plusieurs points.

1/L’épidémiologie de l’hépatite C évolue et il semble qu’en 2015 moins de 25 % des usagers de drogue soient porteurs du virus de l’hépatite C. Comment expliquer ce résultat ? Il ne faut pas y voir la preuve  de l’efficacité des traitements chez les toxicomanes, car les traitements n’ont pas été si nombreux. La seule explication est que les porteurs historiques ne sont plus dans les CSAPA ou sont morts ! Par contre il semble évident que la nouvelle génération d’usagers est moins contaminée prouvant ainsi l’effet positif des messages d’information et des stratégies de Réduction Des Risques.

2/ On  confirme à nouveau que  les recontaminations sont exceptionnelles mais il est absolument nécessaire de mettre en place des programmes d’accompagnement post traitement spécifiques.

3/Les traitements sont efficaces bien qu’encore insuffisamment utilisés, mais ces observatoires ont porté sur un temps ou les traitements ne comportaient que de l’interféron et de la ribavirine.

On peut imaginer que l’arrivée des nouveaux traitements avec moins d’effet psychiatrique puisse favoriser l’accès aux traitements et les guérisons. A moins que le prix du traitement soit le nouveau frein au traitement des toxicomanes en 2015.

Pascal Mélin  

HÉPATITE C LE NOMBRE DE PATIENTS SOUS TRAITEMENT DIMINUE…

La rumeur court depuis quelques temps, le nombre de patients sous traitement anti VHC serait en diminution. Il semblerait de plus que la rumeur puisse être confirmée par les grossistes pharmaceutiques.

Pourtant les traitements n’ont jamais été aussi puissants qu’en 2015 où presque 100% des patients peuvent être guéris de leur infection virale chronique. Alors comment expliquer un tel résultat ?

Y a-t-il un relâchement du dépistage en France ?

Les patients ont-ils peur des nouveaux traitements ?

Le coût des médicaments est-il un frein médical à la prescription ?

Ou bien faut-il y voir là un effet de la mise en place du recours au RCP des centres de référence ?

Ou bien y a-t-il d’autres explications ?

Lorsqu’on discute aux quatre coins de l’hexagone avec les différents médecins intervenants, on s’aperçoit vite que la mise en place des RCP a pour le moins été mal accompagnée et que la pédagogie semble incertaine. De nombreux médecins qui traitaient plusieurs patients par an voient la présentation des dossiers en RCP comme un frein à l’accès au traitement et sont prêts à jeter l’éponge et ne plus prendre en charge les malades atteints d’hépatite C mais à les diriger directement sur les centres experts en CHU.

Nous ne pouvons pas accepter de voir le nombre de lieux de prise en charge diminuer et les malades être de plus en plus déplacés.

L’épidémie d’hépatite C peut être contenue et l’infection éradiquée mais pour mener ce combat tous les intervenants doivent être sur le pont.

Et si nous les malades mettions en place un observatoire sur les difficultés à l’accès aux nouveaux traitements ? Seriez-vous partants ?

Pascal Mélin

L’HÉPATITE B AU PALAIS DE LA DÉCOUVERTE…

SOS hépatites dénonce très souvent l’insuffisance de communication sur les hépatites virales à destination du grand public. Pour être honnête, nous devons rendre hommage et donner un coup de chapeau au Palais de la Découverte pour son exposition sur les risques d’épidémies en 2015. On y parle bien sûr du virus Ébola mais aussi de l’hépatite B qui est probablement le plus grand fléau viral connu en 2015 ? Avec 450 millions de porteurs chroniques au monde, 5 à 7 millions de nouvelles contaminations par an et 2 millions de morts par an autour de la planète, on pourrait aussi dire que le virus de l’hépatite B est la deuxième cause de cancer acquis après le tabac. En comparaison, il y a 10 fois moins de personnes atteintes par le VIH au monde. On pourrait parler de la structure même du virus de l’hépatite B qui, avec sa double enveloppe lui permet de résister à l’alcool, à l’éther et survivre très longtemps à l’air libre.

Il est intéressant d’avoir remis au goût du jour le virus de l’hépatite B en le mettant en place à côté du virus Ébola. En espérant que les jeunes générations, à qui cette exposition est destinée, seront sensibles à de tels arguments.

Pascal Mélin

RCP : RETARDER L’HÉPATITE C ET SON PROGRAMME

TAMPON AFEFSi vous trouvez d’autres acronymes plus drôles pour les RCP envoyez-les-nous, un an de traitement par interféron pour récompenser les plus cinglants. RCP, ça veut dire Réunion de Concertation Pluridisciplinaire. Actuellement aucune hépatologue ne peut mettre en route un traitement d’hépatite C à un de ses patients sans faire valider la décision de traitement par la RCP régionale qui est le plus souvent rattachée au centre expert. Sans l’obtention d’un LAISSER-PASSER de la RCP, le pharmacien ne délivrera pas le traitement. Quel est le sens de la création de cette autorité de régulation ? Une aide scientifique ? Sûrement pas ! Pendant des années les traitements étaient difficiles à mettre en place et à prendre, mais malades et spécialistes étaient laissés pour compte. Actuellement, c’est pour laisser les comptes et contrôler les dépenses que le concept de RCP a été mis en place. Celle-ci (la RCP) devra comprendre un spécialiste, un travailleur social, un professionnel de l’éducation thérapeutique et un psychologue. Bref, tout ce que nous demandions depuis longtemps pour s’occuper des malades et non pas pour prendre des décisions sur dossier !

Mais parlons de la fiche de RCP, véritable passeport à remplir qui qualifie un patient pour permettre le débat sur son cas (voir fichier ci-joint), on y trouve le nom et le prénom du patient en premier lieu, ce qui pose des problèmes de confidentialité si les fiches doivent être faxées ou circuler. Ensuite, on demande la charge virale, le génotype du virus et l’évaluation du score de fibrose et les traitements déjà reçus. Mais ce qui me choque le plus, c’est la demande du mode de contamination, qu’est-ce que cela vient faire là ? Y a-t-il des bonnes et des mauvaises façons de se contaminer ? Que l’on interroge sur les pratiques addictives actuelles et les traitements du patients pouvant interagir pourquoi pas. Le patient consomme actuellement des drogues OUI/NON est une méconnaissance addictologique. Je peux comprendre que l’ancienneté de la contamination puisse avoir un intérêt pour évaluer  la rapidité de progression, mais le mode de contamination ne doit pas interférer dans la prise de décision de traitement ! À moins que l’on veuille faire de la ségrégation dans l’accès aux soins ? Ce que je n’ose imaginer. Nous nous battons depuis 15 ans sur le rôle incontournable de l’éducation thérapeutique mais qu’en reste-t-il dans cette fiche ? Que sait-on de la santé sociale, affective, sexuelle et psychologique ? On ne sait rien, le patient a-t-il un emploi stable ou pas, est-il illettré, a-t-il une couverture sociale, a-t-il un entourage, comprend-il le français, que sait-il de sa maladie ?

Et l’on voudrait qu’à partir de cette feuille très hépato-centré on délivre ou non le sésame tant attendu ? Et l’apothéose « statut de la maladie » ce n’est pas le malade qui a un rapport aux traitements mais la maladie, choquant non ?

Cette fiche de RCP est une insulte à tous les programmes d’éducation thérapeutique et a été construite sans l’association des représentants de patients, ni les travailleurs sociaux, ni les infirmières d’éducation thérapeutique.

Il est urgent de Revoir la Copie Prochainement (RCP).

http://www.afef.asso.fr/rc/org/afef/nws/News/2014/20140625-075532-624/src/nws_fullText/fr/Fiche%20RCP%20Novembre%202014.pdf

Pascal Mélin

GÉNOTYPE 3 : LES PREMIERS SERONT LES DERNIERS…

solution blogIl ne s’agit pas d’une simple évocation biblique mais d’un changement de paradigme lié aux nouveaux traitements.

Pendant longtemps le lot de consolation des personnes infectées par une hépatite C était de s’entendre dire « dans votre malheur vous avez de la chance, vous êtes infecté par un génotype 3 et actuellement, c’est le sous type viral qui se soigne le mieux avec lequel on obtient les meilleurs résultats. »

En effet, lors de la grande époque des traitements par interféron/ribavirine, les personnes infectées par un génotype 1 n’avaient guère plus de 40% de chance de guérir avec des traitements de 12 à 18 mois. Pour le génotype 3, à cette époque, on obtenait 80% de guérison avec, le plus souvent, seulement 6 mois de traitement. Les choses n’étaient pas équitables et l’on comprend bien que l’épidémie d’hépatite C liée au génotype 3 a été plus facile à contrôler que celle liée au génotype 1. C’est d’ailleurs sur ce sous type virale que se sont développés les axes de recherche avec des anti-protéases de première génération qui n’étaient efficaces que sur le génotype 1.

Aujourd’hui, les premiers sont les derniers. Les personnes infectées par un génotype 1 ont plus de 90% de chance de guérir avec un traitement de 6 mois. Alors que les patients les plus durs à traiter sont les personnes infectées par un génotype 3 et particulièrement si ils sont des hommes en surpoids, de plus de 60 ans, avec une cirrhose et en échec d’un premier traitement. Dans ce cas de figure les chances de guérisons seraient de l’ordre de 60%.

Même avec 95% de guérison l’échec ou la rechute restera insoutenable et incompréhensible. Il est urgent de mettre en place des observatoires des échecs virologiques, sommes-nous en présence de résistance virologique, de problème d’interaction médicamenteuse, de déficit en éducation thérapeutique, de manque de compliance ?  Plus que jamais je pense avoir raison en demandant à tout patient avant de débuter son traitement : « Êtes-vous prêt à ne pas guérir ? »

Se traiter pour guérir, tout le monde peut le faire. Mais il est urgent de mettre en place un accompagnement spécifique des patients en échec. Voilà un joli programme d’éducation thérapeutique, non ? L’évaluation et l’expertise des patients en échec de traitement.

Pascal Mélin

SI T’ES ACCRO Y A SELINCRO…

selincro ok

Sorti sur le marché depuis novembre 2014, le Nalméfène (Selincro) sera surement plus discret que le bacloféne. Le laboratoire Danois Lundbeck nous propose pourtant une révolution dans le monde de l’addictologie.

Depuis un siècle l’alcoologie, sous différentes formes, prône l’abstinence et le maintien de l’abstinence ainsi les quelques médicaments du champ alcoologique sont le Révia ou l’Aotal. Pourtant, une vision moderne des comportements addictifs, est bien de considérer cette pathologie comme une pathologie de la perte du contrôle. C’est d’ailleurs dans la prise en charge des toxicomanes et via la réduction des risques (RDR) que l’on imagine pouvoir reprendre la maîtrise sur ses consommations. La réduction des risques et la reprise du contrôle seront maintenant incontournables en alcoologie. En effet le Selincro est un médicament réservé aux consommateurs chroniques à plus de 6 verres par jour ayant pour but de diminuer leur consommation et d’en reprendre la maîtrise. Œuvrant autour des maladies du foie et des infections virales, le Selincro devrait y trouver sa place. Attention, il est contre-indiqué en association avec des opiacés ou de la buprénorphine. Car c’est un agoniste partiel.

Pour les patients atteints d’hépatite virale C, on se souvient que la consommation excessive d’alcool pouvait diminuer l’efficacité des traitements. Mais qu’en est-il des nouveaux traitements ? Faut-il suspendre toute consommation pour accéder aux soins, ou simplement se modérer et démontrer que l’on a toujours le contrôle ?

Pour les patients atteints d’une MAF (Maladie Alcoolique du Foie), c’est la MAF ! Bon nombre de patients pré cirrhotiques ou cirrhotiques se sont entendus dire « vous devez arrêter définitivement toute consommation ! ». Puis devant leur impossibilité d’honorer la prescription se sont vus abandonnés par le corps médical.

Aujourd’hui, le Selincro est un médicament qui va permettre d’envisager une autre voie, en agissant sur le craving et les systèmes de récompense, peut-être un véritable espoir pour les patients atteint de MAF… un jour je l’aurai…

Pascal Mélin

Pour en savoir plus, téléchargez : www.lundbeck.com/fr/medicaments/selincro

UN HOMMAGE HÉPATANT À MARIE-THÉRÈSE VITIÈRE…

Marie-Thérèse Vitière s’est éteinte les premiers jours de 2015, c’était une femme hépatante. Son parcours témoigne à nouveau du caractère silencieux des maladies du foie et des cirrhoses en particulier. Son décès nous rappelle qu’il y a une perte de chance à ne pas avoir connaissance d’être porteur d’une cirrhose.

Chaque année le CDAG, l’unité d’éducation thérapeutique (UTEP) du centre hospitalier Geneviève  Anthonioz De Gaulle et SOS hépatites Champagne Ardennes, proposent à la population de Saint-Dizier, un dépistage des maladies du foie. Cette manifestation se déroule chaque année en mai.

En 2013, Marie-Thérèse avait participé à cette offre de dépistage le CDAG ne découvrait ni hépatite C, ni hépatite B, ni VIH par contre le Fibroscan était en faveur d’une atteinte grave du foie. Après avoir informé son médecin traitant, nous avons débuté les examens qui ont permis de découvrir que madame Vitière était porteuse d’une cirrhose du foie. Cette cirrhose était due à une maladie auto-immune, son corps produisait des anticorps qui attaquaient et détruisaient son foie. Dans un premier temps, nous avons tenté de traiter sa maladie mais la surveillance a permis de découvrir l’apparition d’un cancer du foie. Malgré une prise en charge chirurgicale rapide, les choses se sont compliquées, et ont abouti au décès de madame Vitière.

En 2014, lors de notre action de dépistage, nous avions convenu avec le Journal de la Haute Marne d’un partenariat d’annonce. La semaine précédant l’action de dépistage, chaque jour, la presse locale a publié le témoignage d’un patient. Madame Vitière avait accepté d’être un témoin hépatant. Elle avait accepté publiquement d’appeler au dépistage de toute maladie du foie quelle qu’en soit la cause pour lutter contre le mutisme hépatique.

Il faudra encore d’autres personnes hépatantes comme Madame Vitière pour faire entendre le bruit de l’épidémie silencieuse et l’urgence du dépistage.

Pascal Mélin

Texte écrit avec l’accord de la famille, qu’elle en soit remerciée.