PHC 2018, EQUILIBRE ET BAROMETRE

Le 11ème congrès PHC (Paris Hepatology Conference) 2018 vient de s’achever.

En à peine plus de dix ans, ce congrès, placé sous la présidence du Pr Patrick Marcellin, est devenu un rendez-vous incontournable sur la scène internationale pour débattre des dernières nouveautés hépatologiques.

Cette année plus de 1 000 spécialistes, originaires de tous les pays, se sont donnés rendez-vous à Paris.

La 11ème édition était celle du retour à l’équilibre. Les années précédentes étaient marquées par l’omniprésence de l’hépatite C. Mais en 2018, on a autant parlé de l’hépatite C que de l’hépatite B et même de la NASH. Bravo !

Le 15 janvier, SOS Hépatites a participé à l’émission Priorité Santé sur RFI, ce qui nous a permis d’échanger avec nos amis africains.

Puis il y a eu la conférence de presse du PHC, l’occasion pour SOS Hépatites, dès le début de l’année, de communiquer sur des actions 2018 et sur nos partenariats :

  • La première action s’articule avec Culture Angels, c’est la poursuite de la campagne « Savoir C guérir » qui vise à intensifier le dépistage des trois virus, VHB, VHC et VIH, porté par la dynamique autour de l’hépatite C.
  • La deuxième action est le baromètre de la guérison développé avec le laboratoire Gilead. Il consiste, grâce aux chiffres de vente, à connaître le nombre de patients guéris. Le baromètre est disponible sur le site de la campagne « Savoir C guérir ». En 2017, ce sont plus de 18 000 malades qui ont été guéris, soit un patient toutes les 30 minutes. Pourrons-nous passer le cap des 20 000 guérisons en 2018 ? Pour 2018, ce chiffre sera actualisé chaque mois.

Paris tenu ! Paris au PHC !

Pascal Mélin

TEMOIGNAGE VHB DU 23 JUIN…

VACCIN HBLe 23 juin, à la consultation du matin…

Je reçois en urgence une femme de 42 ans d’origine turque chez qui on vient de découvrir une lésion hépatique. Je reprends son IRM et on arrive rapidement à la conclusion qu’il s’agit d’une HPNF : Hyperplasie Nodulaire Focale c’est-à-dire, une tumeur bénigne qui ne nécessite qu’une simple surveillance. La patiente m’avait dit avoir eu 5 grossesses sans autre antécédent en dehors d’une obésité et d’une hypertension.

On allait se quitter quand je lui demande : « Et dans votre famille il n’y a pas de maladie du foie ? »
Elle me répond : « Ah oui, dans la famille on à tous une hépatite B, ma sœur qui vit dans l’est a une cirrhose et prend des médicaments. Moi-même j’ai une hépatite B mais heureusement le virus est endormi. »
– « Et vos enfants ? »
– « À chacun de mes accouchements, mes enfants ont reçu, dès leur naissance, une piqûre et un vaccin mais moi rien puisque mon virus est endormi. »
– « Et votre mari ? Il a été dépisté et vacciné ? »
– « Non, ce n’était pas nécessaire… »

Comme son mari était présent dans la salle d’attente, nous sommes allés au labo faire des bilans sanguins immédiatement et nous nous reverrons dans 3 jours.

Cette aventure amène des commentaires : lorsqu’une femme enceinte est porteuse de l’hépatite B on la dépiste pendant sa grossesse et on fait en sorte que les enfants ne soient pas contaminés mais, on oublie encore trop souvent de s’occuper de la maman et encore plus du papa.

Plus que toute autre maladie chronique, l’hépatite B est une maladie familiale tout autant qu’une maladie individuelle. Aucun des enfants n’a eu de prise de sang pour vérifier qu’il avait un taux d’anticorps protecteur et n’était pas contaminé. Entre le gynécologue, l’accoucheur, le pédiatre, le médecin traitant, l’hépatologue, il faut bien définir qui s’occupe de qui et de quoi. De telles situations ne devraient plus arriver. Nous devons également faire attention à la portée de nos mots : qualifier un virus d’endormi est dangereux !

Une des pistes pour éviter de telle mésaventure serait de rendre le patient porteur d’une hépatite B chronique acteur du dépistage et de la protection de son entourage… Tiens cela me rappelle une enquête que nous sommes en train de mener ! Vous non ?

Pascal Mélin

MERCI DE PARTICIPER A L’ENQUETE VHB SOS HEPATITES 2016 : http://www.soshepatites.org/2016/04/29/enquete-sos-hepatites-quelle-vaccination-pour-lentourage-des-personnes-vivant-avec-lhepatite-b/

DISCOURS FRÉDÉRIC CHAFFRAIX A LA JNH LE 25 MAI 2016

 

JOURNEE NATIONALE HEPATITES

25 MAI 2016

MINISTERE DE LA SANTE

Discours de Frédéric CHAFFRAIX
Vice-président du comité de suivi du
Rapport National de Recommandations
sur la prise en charge des personnes infectés
par les virus de l’hépatite B et de l’hépatite C

Monsieur le Président du comité de suivi du rapport de recommandations 2014,

Madame la Vice-présidente,

Mesdames et Messieurs les membres du comité de suivi,

Mesdames et Messieurs les acteurs de l’hépatologie, de l’addictologie et de l’infectiologie

Un an s’est déjà écoulé depuis la dernière journée nationale de lutte contre les hépatites, et nous parlons encore et toujours de l’accès au traitement pour tous les patients porteurs d’une hépatite chronique C.

En effet, ce combat a animé chacun d’entre nous ici, certain un peu plus que d’autres, de manière différente, à côté des patients d’une part et en lien avec les décideurs institutionnels et industriels d’autre part.

Les patients en attente de traitements sont nombreux, si nombreux que les témoignages ne sont pas très difficiles à obtenir tant la vie pour chaque malade avec le virus est compliquée, au niveau médical mais aussi social et psychologique. La fatigue, les troubles de l’humeur, les douleurs musculaires ou articulaires et bien d’autres, ont laissé place à la colère, la révolte, la résignation et la déprime, pour les patients qui attendent que cette épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes ne disparaisse. D’autres sont plus actifs et ont fait le nécessaire pour trouver des solutions personnelles pour enrayer leurs maux et mettre fin à leurs souffrances. Certains se sont pris d’un intérêt soudain pour un voyage en Asie (en Inde ou en Bangladesh par exemple) ou encore en Afrique (en Egypte ou en Algérie) en espérant revenir avec l’antidote tant attendu de tous leurs malheurs ou bien avec une guérison. Mais ce voyage à haut risque en vaut bien la peine pour certains qui vivent avec leur virus depuis 30, 40 ou 50 ans. Afin de caresser l’espoir de se sentir libéré et délivré de cet intrus qui s’est installé en eux.

La devise de la France n’est-elle pas la Liberté (celle de ne pas vivre avec un virus), l’Egalité (celle d’avoir les mêmes droits au traitement que son voisin), et la Fraternité (celle de favoriser l’entraide et le soutien mutuel)?

Nous avons des traitements aujourd’hui dont nous rêvions tous il y a encore 5 ans. Souvenez-vous en 2011 quand SOS hépatites demandait à Nora BERRA alors Ministre de la Santé, la possibilité d’avoir des tests rapides pour diagnostiquer le VHC. Test qu’elle nous avait promis pour la fin de l’année 2011… Alors oui, enfin, nous avons ces fameux TROD VHC (ou d’ici quelques jours) et certains osent dire qu’ils ne servent à rien sans le traitement pour tous les patients.

Penser ainsi c’est faire outrage à tous les patients porteurs d’une hépatite B chronique, qui bien que dépistés n’ont pas accès à un traitement pour guérir, alors est-ce pour autant qu’il nous faut arrêter de dépister l’hépatite B ???

Devrions-nous nous passer de dépister les usagers porteurs de l’hépatite C au risque qu’ils ne soient pas F2 sévère, F3 ou F4 ? Et s’ils l’étaient justement ? Ne pourrions-nous pas leur éviter un cancer du foie ou une transplantation ?

Non, ce combat doit aussi continuer et au delà de l’accès universel, car pour espérer mettre fin à l’épidémie d’hépatite C il nous faudra redoubler d’efforts et de stratégies pour orienter et dépister les nombreux usagers du système de santé voir même ceux qui en sont en dehors et qui ignorent qu’ils portent en eux cette maladie virale.

Le dépistage est un fabuleux outil de prévention car il va permettre à chacun de connaitre son statut et en cas de séropositivité de pouvoir faire le nécessaire pour être accompagné et prendre les bons réflexes pour ne pas contaminer d’autres personnes (entourage, famille, enfants). Dès que les traitements seront disponibles nous pourrons ainsi leur proposer. Cet axe constitue donc un double enjeu.

Le dépistage des maladies du foie par un FibroScan conjoint à ces tests rapides, constitue également un enjeu fondamental afin de pouvoir obtenir un diagnostic complet en une seule consultation et diminuer ainsi le temps d’attente insupportable pour les patients, entre les différents examens médicaux. Ne serait-il pas intéressant de proposer à chaque personne un test de dépistage complet une fois dans la vie ?

L’accès au traitement pour tous est une très bonne chose, mais allons au-delà et commençons à demander une égalité dans la qualité d’accès aux soins et la qualité des soins pour chaque malade.

Pourquoi certains auraient le droit à de l’éducation thérapeutique et pas les autres sous seul prétexte qu’ils ne sont pas suivi dans un centre hospitalier (ou un centre de soins) ? Un accompagnement (recommandé) pour chaque patient permettra également de faciliter le suivi post guérison virologique et d’évaluer les dommages collatéraux provoqués par l’hépatite et les traitements.

Chaque malade a droit à un traitement mais avec un accompagnement dans le soin de qualité. Quels sont aujourd’hui les professionnels de santé qui peuvent leur proposer dans ces conditions? Peu d’acteurs le sont faute notamment aux faibles moyens financiers (et humains) investies par les pouvoir publics dans l’organisation des soins en hépatologie notamment pour les services experts (dans lesquels je crois profondément). Voilà tout l’enjeu du traitement pour tous les patients porteurs d’une hépatite chronique C.

Cette lutte que nous menons encore aujourd’hui malgré les annonces (encourageantes ?) de Madame la Ministre (ce matin).

N’oublions pas en cette journée nationale, l’hépatite B trop souvent ignorée ou mise de côté, qui est également un enjeu colossal au vue de l’épidémie et des modes de contaminations. Il nous faut penser comment améliorer les différents éléments qui jalonnent ce parcours de santé, de la RDR (vaccination) à la prise en soins et au suivi des malades.

Il serait souhaitable que sortent également dans un court délai, après l’avis de la HAS, les tests rapides pour orienter dans le diagnostic de l’hépatite B afin de pouvoir être en adéquation avec le rapport de recommandations qui insiste sur le connaissance du statut sérologique des hépatites et du VIH. Le Test rapide unique faciliterait le travail de tous les acteurs de terrain.

Et pour finir cet arsenal d’outils de prévention, à quand l’accès gratuit (ou remboursé à 100%) du vaccin contre l’hépatite B  pour tous les usagers?

Demandons aux personnes contaminées par l’hépatite B ce qu’elles pensent du vaccin, elles vous diront que si elles avaient eu la possibilité de le faire elles l’auraient fait pour éviter de se retrouver avec une maladie transmissible à vie qui provoque des difficultés sociales et qui peut les amener à une cirrhose et à un cancer du foie.

Il ne devrait pas y avoir de débat pour ce vaccin mais un accès universel facilité.

Les hépatants B ont, eux aussi, le droit à un traitement curatif pour tous. Nous verrons cette après-midi avec Fabien ZOULIM quelles sont les perspectives de traitement pour ces patients à l’heure actuelle.

Je rêve du jour où l’ampleur de notre combat contre l’hépatite C déteindra sur celui de l’hépatite B et de la vaccination.

La lutte contre les hépatites est loin d’être gagnée et il nous faudra nous réunir encore plusieurs années et chercher ensemble des solutions avant que nous puissions dire : nous avons vaincu l’épidémie des hépatites !

Un traitement pour tous, Une guérison pour chacun, Une vaccination universelle !

Merci de votre attention.

SPÉCIAL « SEMAINE DE LA VACCINATION » : MERCREDI

Partenaires sexuels multiples

À partir de combien de partenaires est-on considéré comme ayant des partenaires sexuels multiples ? 2, 3, 5, 10, plus ?

La question est embarrassante vous en conviendrez ? Elle a tout autant déstabilisé l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). La définition n’est pas simple car la définition varie en fonction des cultures, des traditions, et d’un pays à l’autre nous pouvons voir les choses différemment.

Que dire des pays où la polygamie est reconnue par exemple ?

Y a-t-il une différence entre avoir un seul partenaire régulier mais plusieurs histoires de couple par an ou avoir en même temps deux partenaires sexuels ?

À moins que la multiplicité ne se résume à ceux qui ont des rapports sexuels avec plusieurs partenaires en même temps, et les échangistes aussi ?

Difficile donc ! Et bien souvent, nous considérons nos pratiques normales et ce sont les autres qui sont dans le risque et l’anormalité. La définition minimale reconnue consiste à vous reconnaitre comme partenaire sexuel multiple à partir du deuxième partenaire au cours de la vie… Là, du coup, tout le monde est concerné ou presque !

Une bonne raison de se vacciner ? Ce nourrisson que vous tenez dans vos bras, qui peut prédire de sa sexualité future, et pourquoi faudrait-il la supposer par avance ? S’il y avait un vaccin contre le SIDA, hésiteriez-vous un instant ? Il aura assez de choses contre lesquelles il devra se défendre à l’âge adulte, alors en le vaccinant tout petit vous pouvez le soulager de ce jeu de la roulette russe. En France, l’hépatite B touche tout le monde avec toujours plus de 100 000 personnes non dépistées et contagieuses… Sauf celles vaccinés bien sûr !

Une bonne raison de se dépister ? Vous êtes un adulte, non vacciné, et vous avez eu plusieurs expériences sexuelles au cours de votre vie, vous êtes donc à risque et vous devez faire un test de dépistage. Votre médecin généraliste vous prescrira une ordonnance avec les tests à effectuer à votre laboratoire habituel, ou alors vous pouvez vous rendre dans un Centre de Dépistage Anonyme et Gratuit (CDAG).

Nous pouvons certes nous protéger en utilisant le préservatif, c’est une bonne chose pour se protéger des autres IST. Mais la vaccination c’est la meilleure des protections pour la B ! Plus de 100 000 personnes ignorent être infectées par l’hépatite B en France.

Se dépister, et se vacciner c’est se protéger! Et se protéger, c’est protéger les autres.

Pascal Mélin

DÉPISTAGE DE L’HÉPATITE C… À PLUS DANS LE BUS !

Le Congrès Européen d’hépatologie s’intéresse de plus en plus au comportements addictifs ! Et c’est tant mieux. En addictologie, le premier organe qui souffre c’est le cerveau, puis vient tout de suite après le foie… on rappellera que 80% des nouvelles hépatites C sont liées à l’usage de drogues.

Donc la recherche fondamentale, derrière des microscopes c’est bien, mais il faut aussi aller au-devant des malades pour les dépister et mieux les accompagner vers le soin. C’est ce que nous propose l’équipe australienne de Melbourne dont les travaux ont été présentés par Sally Von Bibra.

Cette étude TAP (Treatment and Prévention) s’adressait aux bien connus PWID (Persons who Inject Drugs) nous, on dirait simplement les injecteurs. Pendant une année, un bus est allé à la rencontre des usagers sur leur lieu de consommation, une infirmière pouvait y faire des tests de dépistage, des prélèvements sanguins mais aussi des FibroScan, et mettre en route des traitements par Sofosbuvir et Ledipasvir.

En mars 2016, on comptait 172 usagers ou partenaires d’injection qui étaient porteurs d’une sérologie positive. 52 personnes ont refusé de participer à l’étude, mais leur données sociodémographiques et leur parcours étaient comparables aux PWID dépistés.

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Cette étude est particulièrement intéressante car elle a permis aux usagers de prendre conscience de leur maladie et de la stigmatisation liée à celle-ci.

L’infirmière, au-delà des bilans de dépistage a pu délivrer des messages de prévention et depuis le début de l’étude on a pu voir diminuer les cas de transmission de l’hépatite C. Maintenant, on attend avec impatience la suite de l’expérience pour monter que les traitements antiviraux sont pris correctement et que les résultats sont comparables à une population standard.

Bravo à l’étude TAP « Traitement et prévention ! » Ca me rappelle quelque chose… Il me semble qu’il y a 15 ans lors de mes premières participations à des congrès d’addictologie au THS (Toxicomanie Hépatites Sida) je tenais ce discours : l’hépatite C chez les usagers de drogues il faut la traiter pour faire entendre et rendre cohérent les message de prévention.

Que c’est bon de ne pas être seul à hurler.

Pascal Mélin

DÉPISTAGE LORS DES CONSULTATIONS D’ANESTHÉSIE

SOS Hépatites demande depuis longtemps l’augmentation du nombre de tests de dépistage, et à ce sujet nous avions évoqué le dépistage possible lors des consultations d’anesthésie.
Il y a chaque année en France 10 millions de consultations d’anesthésie. Les malades ignorant leur sérologies positives VHC seraient 74000, et c’est lors du dernier congrès des JFHOD 2016 il y a une semaine que le Dr Lasalle de Grasse a présenté les résultats de ce travail.
L’étude s’est déroulée du 3 avril au 10 juillet 2015 dans le centre hospitalier privé de Grasse. Durant cette période, 1553 consultations d’anesthésie ont été réalisées, et un questionnaire remis par les secrétaires de la consultation.
1003 questionnaires furent récupérés (les secrétaires n’étant pas toujours là pour les remettre). 675 ont été remplis (67%) : 455 patients ont accepté le principe de dépistage (67%), mais seulement 271 ont effectués des tests VHB/VHC/VIH. Les anesthésistes lors de la consultation pouvaient alors répondre aux questions ou convaincre les réfractaires.
Résultats : aucun dépistage positif pour le VIH et le VHB mais 4 positifs pour le VHC soit 1,47 % des cas, et seuls 3 étaient virémiques (1,11%) . En tout état de cause, cette stratégie de dépistage lors de consultations semble intéressante.
Les Sociétés Savantes SFAR (Société Francaise d’Anesthésie et de Réanimation) et le l’AFEF (Association Francaise des Maladies du Foie) doivent se rencontrer pour évoquer la faisabilité d’un tel projet.

Un exemple à suivre.

Pascal Mélin

HÉPATITE C ET 8 MARS…

Le 8 mars, ça vous dit quelque chose ?

C’est la Saint Jean de Dieu ? Oui mais encore… La Journée de la femme ? Surtout pas ! C’est la Journée Internationale des Droits de la femme.

Car, si pour les salaires il n’y a pas d’égalité entre les hommes et les femmes, il n y en a pas non plus dans les maladies hépatiques.

En effet, les maladies du foie touchent plus souvent les hommes que les femmes, les maladies addictives sont davantage masculines, les femmes étant plus contaminées par les transfusions liées à leur parcours obstétrical.

Les femmes sont protégées par leur hormones jusqu’à la ménopause, c’est seulement ensuite qu’elles rejoignent les hommes et voient leur fibrose hépatique progresser.

Mais le droit de la femme c’est aussi leur droit à disposer de son corps… Et de son corps en bonne santé si possible.

On pense bien sur à l’avortement, mais je voudrais surtout parler du droit de la femme à ne pas contaminer ses enfants. Lorsqu’une femme est porteuse d’une hépatite C, elle risque de contaminer son enfant dans 3 % des cas.

Avec les traitements conventionnels, bien que ceux ci n’apportaient que 50% de guérison, les femmes avaient le droit de revendiquer un accès au soins. Mais alors que depuis 1 an l’explosion des antiviraux directs assurent 95% de guérison en 3 mois, les femmes en âge de procréer étaient oubliées.

Là, l’égalité homme / femme était parfaite car il leur fallait au moins avoir une fibrose supérieure à F2 pour prétendre à l’accès au traitement.

Il aura fallu attendre les recommandations de l’AFEF en février 2016 pour voir réapparaitre le droit des femmes à guérir avant tout projet de grossesse.

Car le droit des femmes ce n’est pas uniquement dans un souci de vision égalitaire mais surtout dans une reconnaissance de la spécificité féminine.

Il faudrait donc proposer à toute femme avec un projet de grossesse de se faire dépister des infections virales chroniques transmissible à l’enfant (VIH/VHB/VHC) et pouvoir ainsi sécuriser la grossesse et éviter la contamination du bébé…

Un traitement pour tous, une guérison pour chacun et une protection universelle…

Pascal Mélin

POUR UNE SOLIDARITÉ COMMUNAUTAIRE NÉCESSAIRE…

Nos revendications à SOS Hépatites viennent des témoignages que nous recevons. Voici le dernier que nous avons reçu et en préalable à mon blog du jour…

On n’est pas sérieux quand on a 17 ans.
Juste pour vous raconter une histoire vraie, mon histoire, celle de mes potes.
Une bande de copains dans les années 80, une petite ville de province, on sort ensemble dans les bals de village ou les boites de nuit comme on disait à l’époque, à s’éclater sur Deep Purple, Status Quo et Téléphone, on se retrouve tous les week-ends sans exception.
Y’avait Alex, Domi, Pierrot, Ju, Zoune, Glop, le noyau dur et puis les électrons libres qui se greffaient à notre bande ponctuellement, Fredo, Christian, Dudu, Johnny, et quelques autres…
Beaucoup d’alcool, du rock and roll, pas mal de shit, un peu d’héro et de coke…
Et puis, petit à petit, on se sépare, chacun trace sa route, certains vont faire des études, d’autres reprennent la boite de Papa, d’autres bossent à droite à gauche, et on ne s’est jamais dit : rendez-vous dans 10 ans comme dans la chanson.
Les années passent, chacun a fait sa vie, mariés ou pas, enfants ou pas, divorcés ou pas, banalités classiques de Français moyens intégrés plus ou moins bien dans la société mais on a tous gardé de la famille dans la région, se croisant vite fait de temps à autre.
Donc aujourd’hui la petite bande de fêtards à atteint l’âge canonique de 50 ans, et en rencontrant par hasard Zoune (la sœur de Glop), j’apprends que Glop est en train de mourir d’un cancer du foie qui a gagné tout le reste de l’organisme malgré une ablation partielle de la partie où se logeait la tumeur.
Et en creusant un peu, Glop avait une hépatite C : découverte il y a pas mal de temps, traitée avec ifn+riba, échec et aucun suivi depuis…
Du coup, je lui dis que moi aussi j’avais une hépatite C, que j’ai fait pas mal de ttt et que ce sont les nouvelles molécules qui ont fini par éliminer le virus mais que je conserve une belle fibrose en guise de cicatrice.
Et elle m’avoue qu’elle aussi a eu une hep C, guérie il y a longtemps avec le ttt traditionnel, inf+riba aussi, géno 3, ça marchait pas mal avec celui là.
My god !! on s’est tous plombés mutuellement ? Il faut dire qu’en province, aller acheter une « shooteuse » à la pharmaco du village n’était pas facile, le pharmacien n ‘était pas très ouvert, du coup la seringue servait à tout le monde, vaguement désinfectée à l’alcool quand on en avait, sinon c’était au Jack Daniels…
Et les autres je lui demande ?
Domi n’a jamais voulu consulter, aujourd’hui il y est allé (sans doute en voyant Glop aussi mal), il a aussi une hep C, guérie très vite avec les AAD, mais au stade de cirrhose.
Alex aussi, guéri il y a longtemps avec le traditionnel traitement, mais plus aucun suivi.
Pierrot, alcoolique et sans doute aussi hépatant, vu qu’il s’est shooté plus que tout le monde réuni, mains gonflées, pas la grande forme il semblerait…
Dudu, hépatite auto-immune, pas de nouvelles, on sait pas trop.
Et les autres, on ne sait pas, mais il serait étonnant qu’ils ne soient pas aussi contaminés… suivis c’est une autre histoire !
Des histoires comme celle-ci, il doit y en avoir des dizaines je pense…
Que faut-il en penser ? Inciter le premier qui découvre son statut à prévenir les autres ?
Pas évident de faire irruption dans la vie de ses copains de jeunesse, d’autant qu’ils ont sans doute dissimulés des trucs à leur entourage actuel…
Le médecin traitant devrait être plus incisif peut être ? Insistant du moins.
Glop a un fils de 13 ans, Cézanne, qui vient de perdre sa mère en novembre d’un cancer du sein particulièrement agressif, dans quelques semaines Cézanne sera totalement orphelin.
On n’est pas sérieux quand on a 17 ans…

POUR UNE SOLIDARITE COMMUNAUTAIRE NECESSAIRE…

Hépatite C : aujourd’hui, avec des traitements courts, bien supportés et très efficaces on peut guérir 95% des patients traités. Et demain, nous auront des traitements standards efficaces sur tous les types de virus.

Alors, le temps est venu de se tourner davantage vers le dépistage pour trouver les personnes qui s’ignorent contaminées et les amener vers les soins. Les efforts financiers doivent se faire sur le dépistage, le développement de technique innovante comme les TROD (test rapide d’orientation diagnostique) et bien sûr la communication.

Avec 0,5% de la population souffrant de l’hépatite C en France, en dépistant de façon non ciblée, il faut faire 200 dépistages pour trouver 1 patient porteur chronique de l’hépatite C.

Chez les usagers de drogues, les contaminations sont souvent multiples. Souvent par pudeur l’entretien avec le médecin ne va guère plus loin que le mode de contamination et l’année approximative…

Aujourd’hui, pouvoir dépister tout le monde ne sera possible qu’en valorisant une nécessaire solidarité communautaire.

En effet, il faut oser se souvenir de ses comportements à risques pour retrouver les personnes avec qui il y a eu échange de matériel. C’est à dire valoriser et encourager un dépistage a haute sensibilité.

Prendre en charge un ex usager de drogues et remonter le temps pour retrouver les partenaires de toxicomanie c’est pouvoir aller au devant de personnes qui sont à haut risque d’être porteur d’une hépatite C. Ainsi prendre le temps de se souvenir de 4 à 5 compagnons d’infortune ou de visite au tarif de groupe des paradis artificiels, c’est assurément trouver 5 personnes contaminées. C’est faire aussi bien que 1000 tests de dépistages à l’aveugle.

Mais plonger dans ce passé n’est pas simple, les gens ont déménagé, se sont mariés, on découvrira même que certains sont décédés.

Mais lutter contre cette épidémie c’est aussi promouvoir une nécessaire solidarité communautaire .

Pascal Mélin

L’HÉPATANTE N° 2 – DÉCEMBRE 2015

ÉDITO : ET DE DEUX… NEWSLETTERS !


Notre dernière communication avant la trêve des confiseurs, comme s’il pouvait y avoir une trêve pour le foie et les virus… Surtout pendant les fêtes de fin d’année…
On va plutôt célébrer la sainte Fibrose. Mais revenons à cette année 2016, qui pointe son nez. Vous allez pouvoir prochainement découvrir notre nouvelle mascotte qui va s’immiscer et vous accompagner partout sur notre plateforme hépatante : espace destiné à vous qui allez débuter un traitement contre l’hépatite C, pour vous informer au mieux, mais aussi nous permettre de répertorier les effets secondaires que vous voudrez bien nous signaler, aide précieuse dans notre rôle de vigilance.

En attendant, voici les dernières nouvelles hépatantes de cette fin d’année exceptionnellement en format PDF, à cause d’un grand nombre d’actualités, vous retrouverez le format habituel dès janvier.

Bonne lecture, parlez-en autour de vous, l’inscription à cette lettre est gratuite, et bonnes fêtes de fin d’année à tous…

Pascal Mélin, Président de SOS hépatites fédération

 

RETROUVEZ L’HEPATANTE DU MOIS DE DÉCEMBRE ICI

INSCRIVEZ-VOUS À NOTRE LETTRE MENSUELLE

UN SUPPLÉMENT TECHNIQUE SUR LES TROD

La Fédération Addiction, l’AFEF (Association française pour l’étude du foie), SOS Hépatites et Aides publient un supplément technique commun sur les Tests Rapides d’Orientation Diagnostique (TROD) des infections VIH, VHC et VHB. Le supplément est consultable en cliquant sur le lien ci-dessous: Supplément technique TROD avril 2014

Vous pouvez également accéder à l’article du site de la fédération addiction, qui revient sur le sujet en cliquant sur le lien ci-dessous:
http://www.federationaddiction.fr/supplement-technique-les-trod-tests-rapides-dorientation-diagnostique/

HEPATITE C : DEPISTER TOUT LE MONDE UNE FOIS AU COURS DE SA VIE

A l’heure où l’on parle de révolution thérapeutique dans le traitement du virus de l’hépatite C, notamment avec l’arrivée de nouveaux traitements réellement efficaces, il est tout de même grand temps de dépister toutes ces ces personnes qui ignorent être contaminées.

Le dépistage de l’hépatite C ne doit pas seulement se cantonner aux personnes exposées. En effet, très souvent, un malade découvrira sa contamination de manière fortuite, dans un centre hospitalier. Alors, des spécialistes tels que Patrick Marcellin ou encore Yazdan Yazdanpanah proposent un dépistage au moins une fois dans nos vie aux alentours des 50 ans.

Pour SOS hépatites, la tranche d’âge retenue doit permettre une réduction des risques des cirrhoses et des cancers.

Ci-dessous, l’article édité par APM international qui revient sur ce concept:
APM International dépister au moins une fois dans sa vie VHC

NOUS APPRENONS DE NOS ERREURS…

Les faibles moyens de notre micro projet TROD et vaccination hépatite B à Madagascar nous ont amené à induire des difficultés de compréhension et de représentation.
En effet, pour être le plus efficient possible, nous avions choisi de vacciner les filles de 6ème, 5ème et 4ème du collège 67 hectares pour permettre la protection d’une adolescente avant son entrée en sexualité, mais aussi pour protéger les enfants qu’elles porteraient dans quelques années.
Mais voilà, ce point de vue risque d’être contre productif. Après avoir échangé avec les représentants locaux, ils nous ont raconté l’histoire suivante :
La difficulté de faire appliquer une vaccination obligatoire et générale à Madagascar est telle, que le tétanos néo-natal existe encore par manque de protection des mères et par des conditions d’hygiène parfois insuffisantes. Pour réduire ce risque, le rappel systématique et la vaccination au cours de la grossesse contre le tétanos ont été rendus obligatoire. Oui mais voila, qu’en a compris la population ? Les hommes ne se vaccinent plus contre le tétanos, croyant que la transmission ne se fait que par les femmes ! Quelle erreur !
Au vue de cette histoire, il était licite de s’inquiéter de l’interprétation que notre projet allait engendrer. Ne croirait-on pas que nous vaccinions les femmes uniquement parce que se sont elles qui sont contagieuses et pourvoyeuses d’infection et de transmission ?
Nous nous sommes empressés de répéter, d’expliquer, d’insister, mais le risque est là et nous devons être vigilant à ne pas induire de croyances contre-productives… C’est promis, nous y réfléchirons au débriefing de cette action. Si c’était à refaire, probablement que nous vaccinerions moins de classes mais en vaccinant garçons et filles, nous avons voulu trop bien faire.

Le mieux est l’ennemi du bien et BIEN s’écrit avec un B…

Pascal Mélin